blog de david valence

blog de david valence blog de david valence aller au contenu | aller au menu | aller à la recherche vendredi, octobre 19 2007 un souvenir par david valence le vendredi, octobre 19 2007, 18:41 histoire politique politique étrangère valeurs en mettant un peu d'ordre dans mes fichiers, j'ai retrouvé le texte d'une conférence prononcée le 21 février 2007, à l'invitation de l'association respublica nova, à l'ecole normale supérieure (rue d'ulm). je tiens à en remercier à nouveau les responsables, 8 mois plus tard. il s'agissait d'évoquer le projet de l'ump et de nicolas sarkozy ; j'avais procédé à l'analyse clinique qui suit, à laquelle un responsable des jeunes populaires, p. aronoff, avait apporté quelques objections. je ne sais trop quoi penser de ce texte : à vous de le commenter avec le recul, en pardonnant son "oralité"! "depuis janvier, le combat électoral évolue en terre meuble et trompeuse : sondages contradictoires, sondés prétendument versatiles (ou circonspects), candidats léchés par les médias un jour, et lynchés le lendemain. la politique paraît libérée des variables les plus lourdes, qui permettaient aux commentateurs du sérail de prendre un peu de recul face aux enquêtes d’opinion : les classes populaires seraient désormais tentées par un vote de droite, les bourgeois- bohèmes par un bulletin centriste. il est une donnée qui cependant demeure stable : le maintien de nicolas sarkozy à un niveau élevé des intentions de vote. cet élément déjoue les analyses de ceux qui pariaient sur la systématicité de l’alternance, depuis 1978, pour assurer la victoire des socialistes. l’ump et son candidat sont apparus, dans la première partie de la campagne présidentielle, mieux préparés, plus affûtés. le professionnalisme ne constitue pourtant pas une garantie de victoire. si le sérieux tenait lieu de martingale, nul doute que giscard l’eût emporté en 1981, barre en 1988, balladur en 1995 et même jospin en 2002. tout juste cette expertise supposée de la droite a-t-elle pu se trouver remise en cause à quelques reprises, à mesure que des interrogations sur le chiffrage du projet apparaissaient, ou que les discours maximalistes du candidat ressuscitaient le spectre du chiraquisme redistributeur. sur le fond, les adversaires comme les thuriféraires de nicolas sarkozy le créditent d’une vision claire des enjeux, d’un dessein pour la france. vu de senestre, le candidat serait « dangereux Â» : quand la gauche parle de danger, elle entend toujours l’amérique ou le fascisme. c’est entendu, sarkozy ferait donc figure, à l’envi, de « caniche des américains Â» (laurent fabius) ou d’avatar à peine policé de jean-marie le pen. a l’inverse, les embardées étatistes du ministre de l’intérieur, à agen ou périgueux, ou plus récemment sur le dossier airbus, ont pu désorienter une certaine frange de l’ump : celle que forment les nouvelles générations d’hommes et de femmes de droite, plus idéologues qu’autrefois, libérés en tout cas de la mauvaise conscience de leurs aînés face à la gauche. en résumé, les troupes très minoritaires qui aspirent à concilier respect du ciboire et « Ã©goïsme sacré Â» pioché chez barrès. où se trouve la vérité du projet de l’ump pour le pays ? dans un néo-chiraquisme où les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent, et où la conquête du pouvoir importe plus que les conditions de son exercice ? ou dans une rupture dont les concepteurs auraient été nourris au lait de hayek, de thatcher et du chirac de 1986-1988 ? il importe pour répondre de se référer au contrat de législature 2007-2012 de l’ump, ainsi qu’aux déclarations du candidat sarkozy depuis son investiture, le 14 janvier 2007. une mise en garde préalable s’impose à destination des spectateurs exigeants du débat public : en termes de philosophie politique « pure », un projet présidentiel s’avère nécessairement décevant. d’abord parce qu’un contrat de législature, un projet présidentiel, a pour enjeu minimal de souder une famille, un camp, dans la perspective d’un combat commun. la lecture attentive du contrat de législature proposé par l’ump conduit donc nécessairement à atténuer l’impression de monolithisme conservateur et néo-libéral parfois dégagée par la droite relookée. au contraire, l’aspect relativement composite du projet de l’ump traduit la nécessité, pour les dirigeants de ce mouvement, de satisfaire chacune des familles politiques qui firent le deuil de leur indépendance, en 2002, pour tenter le pari d’un grand parti de la droite et du centre-droit. les radicaux valoisiens, associés à l’ump, se satisferont de la réaffirmation très ferme de la laïcité comme valeur fondamentale de la france, au rang de ces règles que tout immigrant présent sur notre territoire se devrait de connaître et de respecter scrupuleusement. on observe cependant que la question laïque n’est pas associée à l’école, dans le projet de l’ump, mais seulement dans les hôpitaux : moyen peut-être d’éviter de heurter les partisans de la liberté de l’enseignement tout en désignant plus aisément, en l’espèce, le nouvel ennemi imaginaire -et tu- d’un laïcité de combat : l’islam. la concession laïque n’a, semble-t-il, pas suffi à convaincre les héritiers de daladier, d’herriot et du père queuille : beaucoup n’hésitent pas à pencher vers françois bayrou, jusqu’à jean-louis borloo, dont le ralliement à l’udf put être évoqué un temps. aux libéraux de l’ancien parti républicain devenu démocratie libérale, l’ump et son candidat concèdent fatalement plus : la suppression ou la diminution progressive des droits de succession ; le redéfinition d’un bouclier fiscal situé à 50% du revenu, qui viderait l’impôt de solidarité sur la fortune de tout sens ; une critique du caractère trop homogène de la formation en france, même si l’idée de chèque- éducation, chère aux adversaires de l’école publique, est passée sous silence ; la réactivation de l’idée de service minimum garanti dans les services publics, en particulier s’agissant des compagnies de transports (sncf, ratp). aux rares démocrates-chrétiens sincères qui ont rejoint l’ump, comme l’insubmersible pierre méhaignerie, la promesse de donner plus de liberté aux établissements privés sous contrat dans leur implantation. aux gaullistes autoproclamés enfin, dont les bataillons s’éclaircissent à mesure que les années passent, le contrat de législature de l’ump abandonne une référence à cette vieille lune de l’association capital- travail. peu favorable à ce qu’il envisageait comme une « usine à gaz », pompidou n’avait pas hésité un instant avant de jeter aux orties une évolution qui heurtait son électorat naturel. pour le de gaulle de 1969 en revanche, cette refonte non seulement de l’actionnariat salarié, mais aussi des relations de pouvoir dans l’entreprise, devait permettre de réconcilier les classes possédantes et les classes laborieuses. la troisième voie supposée entre capitalisme et collectivisme est souvent défendue par des orthodoxes en manque d’idées originales (type michèle alliot-marie) ou des hurluberlus (type nicolas dupont-aignan, ou autrefois louis vallon). l’association capital- travail tenait à la fois du christianisme social à la marc sangnier et du personnalisme : soit des courants d’idées généreux, mais relevant plus du gazeux que du marmoréen. aux gaullistes de sentiment, encore, le contrat de législature de l’ump formule la promesse de conférences de cohésion nationale réunissant des syndicalistes et des représentants de l’ensemble des formations politiques, consultés sur des sujets engageant l’avenir de la nation. evoquer ces initiatives, dans un contexte porteur pour les prophètes de l’unité nationale, permet également de faire pièce à françois bayrou. aux gaullistes toujours et enfin, le rappel très appuyé de la nécessité de maintenir une force de dissuasion nucléaire autonome : l’idée de construire un deuxième sous-marin nucléaire en partenariat avec les britanniques se trouve de facto écartée, qui suscitait des cris d’orfraie chez les nostalgiques de « mon général ». si ce projet présidentiel et législatif est le premier qu’ait eu à envisager le grand parti de la droite, il aurait pu témoigner également d’une forme de « normalisation Â» idéologique des conservateurs en france par rapport aux droites européennes. depuis la libération, et surtout depuis mai 1958, la droite française avait été dominée par une tradition politique identifiant l’etat à la nation, et reconnaissant à la puissance publique la légitimité nécessaire pour peser sur l’économie, accélérer les mutations de la société, donner du sens à la vie collective. une droite, sinon statolâtre, du moins statophile, en quelque sorte. de ce point de vue, le gaullisme n’est pas mort avec de gaulle ou pompidou : giscard et chirac, passés par l’e.n.a., cette école pensée par michel debré comme celle du service de la nation par excellence, avaient continué à se méfier des corps intermédiaires. beaucoup des jeunes soutiens de l’ump attendaient que le ministre de l’intérieur incarne une volonté de lutter frontalement contre les syndicats de fonctionnaires et contre le recours systématique à la puissance publique pour apaiser les inquiétudes de l’opinion. a première vue, le projet de l’ump répond à ces attentes, puisqu’il énonce un décalage entre « une société au fait de son époque, clairvoyante sur les enjeux et les risques du monde contemporain, et une gestion publique incapable de régler les problèmes et de proposer une vision Â» (p. 2). pour autant, la rupture théorisée par le toujours ministre de l’intérieur ne s’avance pas à découvert sur le terrain de l’interventionnisme étatique. au contraire, le volontarisme –dont on sait qu’il se révèle à l’usure le pire ennemi de la volonté- exalté par l’ump, et incarné par son champion sur le dossier alsthom, en 2004, l’emporte de beaucoup, au niveau des intentions, sur le laisser-faire néolibéral. plus qu’en matière économique, la volonté de rompre avec l’exceptionnalité de la droite française se traduit, à l’ump, sur le plan symbolique : à savoir sur les principes de la politique étrangère gaullienne et le fragile équilibre de la constitution de 1958. on écrit souvent qu’il n’est pas de rupture en matière de politique étrangère, celle-ci correspondant aux intérêts vitaux d’un pays, qui relèvent par définition du temps long de l’histoire. l’expérience avortée du tiers-mondisme pratiqué par claude cheysson au quai d’orsay, assisté de jean-pierre cot au ministère de la coopération, aux lendemains de mai 1981, semble confirmer cet axiome. tout se passe cependant comme si la france devait désormais revoir les fondamentaux stratégiques de son action diplomatique. beaucoup d’intellectuels, mais aussi de journalistes et de membres des organisations non gouvernementales (o.n.g.) reprochent aujourd’hui à la politique étrangère française de rester articulée autour de principes obsolètes. l’ouverture d’un dialogue sans a priori avec des régimes autoritaires ou dictatoriaux convenait certes à une époque où la france pensait pouvoir jouer l’équilibre entre l’est et l’ouest. l’est ayant rejoint l’ouest quant aux principes spirituels et au système économique, il ne serait dorénavant plus possible de se situer dans une perspective de dialogue ouvert avec les ennemis du monde occidental et des valeurs libérales, à savoir essentiellement le terrorisme, depuis le 11 septembre 2001. au-delà de la scène germanopratine, des voix se font entendre pour appeler à semblable révision de l’action de la france dans le monde : ezra suleiman, professeur à princeton, invitait notre pays, dans le figaro du 14 février 2007, à une « rupture (même « douce ») avec le gaullisme Â» en matière diplomatique. il poursuivait : « peut-on continuer éternellement à utiliser ou (…) à abuser du nom et de la politique du général de gaulle ? (…) et pourtant les politiques français et leurs « experts Â» n’ont guère évolué dans leur approche du monde. les résultats sont plus que minces. paradoxe : plus les dirigeants croyaient être fidèles au général, plus ils ont réussi à réduire le rôle et l’influence de la france au sein de l’union européenne et sur la scène internationale ». pour examiner sereinement le rapport entre ces attentes et la « doctrine internationale Â» de l’ump, écartons-nous du trop fameux discours prononcé par nicolas sarkozy devant les français expatriés aux etats-unis, il y a quelques mois : le candidat y reprochait à la france d’avoir mal défendu une position juste sur l’opportunité d’une intervention militaire en irak. ce faisant, il exprimait une opinion largement partagée dans les chancelleries, pas seulement outre-atlantique : l’erreur ne tenait pas au sens des propos de sarkozy, mais à l’idée qu’un candidat à la magistrature suprême puisse critiquer son propre pays sur un sol étranger. en réalité, il est rare que des contrats de législature abordent les affaires internationales de front. celui de l’ump le fait dès la page 7, où il est écrit que « notre diplomatie doit être moins soucieuse d’attirer les faveurs de nos clients que d’assurer la rigueur de son éthique ». difficile de ne pas voir derrière cette formulation une dénonciation de la synthèse chiraquienne entre soumission aux intérêts des marchands d’armes et défense intransigeante de la paix et des droits de l’homme. plus loin, les auteurs du contrat de législature ajoutent : « notre politique étrangère ne devra donc pas rechercher la stabilité pour la stabilité, car à celle-ci correspond trop souvent un statu quo cruel et injuste, fondé sur des situations malsaines Â» et évoquent « l’aide à la création de véritables etats de droit et de sociétés civiles ouvertes ». c’est ce type de textes qui gagne à la cause sarkozyste des intellectuels « ancienne formule », s’intéressant plus à la diffusion des valeurs libérales dans un monde globalisé qu’à l’étude concrète des mutations de la société et des opinions publiques. contrairement aux affirmations de certains opposants, la volonté manifestée par sarkozy de « rompre Â» avec une certaine politique étrangère héritée de la guerre froide est ancienne. alors qu’il avait quitté le gouvernement à la demande jacques chirac et s’exprimait en israël, à la conférence d’herzliya, le 16 décembre 2004, le président de l’ump ne plaidait-il pas pour une politique étrangère qui gagnât « en transparence, en simplicité, en sincérité Â» ? n’affirmait-il pas trouver plus « légitime (…) que l’union européenne accorde sa confiance et son aide en priorité à ceux de ses voisins dont les valeurs sont les plus proches des siennes Â» ? propos lourds de sens pour les anti-atlantistes radicaux. il s’agissait, pour nicolas sarkozy, de souhaiter que la france assume mieux ses valeurs dans la qualité du dialogue noué avec les pays étrangers. ainsi, il ne fait pas de doute que le projet de la droite se situe plus du côté du discours de la baule prononcé par françois mitterrand en 1990 –il y invitait fermement les états africains à instaurer le pluripartisme- que de jacques foccart sur les dossiers « africains ». le malheur de l’ump tient à ce que la déroute américaine en irak jette un soupçon de néo-conservatisme sur toute critique de notre cynisme du faible en matière de relations internationales. en clair, le réalisme voudrait la paix, et l’éthique la guerre, comme vient encore de l’écrire hubert védrine, ce kissinger au petit pied. on peut cependant observer que ségolène royal, en dépit d'un atlantisme moins marqué que celui d’une certains gauche française, se situe également sur le terrain d’une nécessaire révision de notre politique diplomatique. malgré ses voltes-faces et des ambiguïtés, la candidate du parti socialiste s’inscrit dans la continuité d’un lionel jospin qui, soucieux de « parler vrai », avait dénoncé le hamas comme un mouvement « terroriste Â» à l’université de bir zeit. la candidate du parti socialiste n’a pas hésité à dénoncer les errements de notre politique africaine, ou à hausser le ton sur les « droits humains Â» lors de son voyage en chine communiste. sans que leurs visions se puissent superposer, il apparaît que nicolas sarkozy et ségolène royal partagent certaines analyses en matière de politique étrangère, et quant aux inflexions à apporter dans le discours de la france à l’international. le projet de l’ump, peu prolixe sur les questions de réforme institutionnelle, porte cependant une nouvelle rupture avec les institutions de la ve république. la mention la plus explicite concerne l’idée que le chef de l’exécutif puisse se rendre devant les chambres, non pour prononcer une manière de « discours du trône Â» à l’anglaise, mais pour rendre compte de son action devant la représentation nationale. on peut estimer cette modification timorée, comparée aux rêves de grand soir constituant de l’udf et d’une partie du ps. un certain nombre de « gaullistes Â» sourcilleux eurent ainsi, au moment de la préparation du projet de l’ump, le sentiment d’être entendus : l’activisme forcené de sarkozy s’arrêterait au seuil du temple constitutionnel. au vrai, la manie de modifier notre loi fondamentale à chaque variation de la météorologie élyséenne étonne beaucoup les juristes étrangers. ce faisant, on nage en pleine tyrannie de l’« ici et maintenant », de ceux qui représentent la france à un moment donné parce qu’ils en ont l’âge ou parce qu’ils sont vivants. or, toute démocratie suppose des institutions qui tendent à assurer par des moyens humains une certaine permanence de la nation. on sait le président de l’ump très attaché à cette idée d’une continuité de la nation française à travers les âges historiques : il doit être dans tout régime démocratique des institutions qui répondent à la nécessité de faire le pont entre les générations et d’assurer que la nation souveraine ne soit pas seulement représentée par ceux qui vivent et pensent à un moment donné. pour autant, le président in camera rêvé par sarkozy se substituerait à la conception « gaullienne Â» d’un président- arbitre, qui ne doit de compte à personne et ne dépend pas des partis. la ve république telle que nous la pensons est un régime né en 1962, avec l’élection du chef de l’etat au suffrage universel, de façon presque subreptice. sur le fond, le changement proposé par l’ump affecterait notre système de « monarchie républicaine », où la fonction présidentielle, pour que soit respecté l’esprit de la constitution, ne peut être exercée que par un homme dont la légitimité tienne d’abord à autre chose qu’à la politique : l’histoire, idéalement. système imparfait auquel la droite se propose de mettre fin en accentuant l’aspect « présidentiel Â» du régime : un chef de l’etat responsable, mais plus fragile, moins « arbitre ». un président « dans l’assemblée Â» serait un président « en danger », susceptible d’être sifflé, contesté, hué ou boudé. en outre, cette évolution institutionnelle accréditerait à nouveau l’idée d’un sarkoy fasciné par le modèle américain, ici le régime présidentiel, et son strict respect de la séparation des pouvoirs. ces deux éléments de rupture avec le gaullisme évoqués, il semble que l’américanophilie supposée de l’ump soit moins à rechercher dans le fond que dans la forme, dans l’exercice du pouvoir que dans la stratégie. comme aux etats-unis, sarkozy est issu de la frange dure du mouvement auquel il appartient : sa désignation devait permettre d’abord que se cristallisassent sur son nom les soutiens traditionnels de sa famille politique (professions libérales, retraités). libre à lui d’élargir ensuite sa base électorale au centre, comme il ne manqua pas de le faire en se voulant le candidat de « l’ouverture ». plus structurellement, sur le plan de la stratégie, le choix opéré par la droite s’inspire de celui des républicains au milieu des années 70, aux etats-unis. le diagnostic originel, de ce côté-ci de l’atlantique, mettait en cause le « sinistrisme Â» de la vie politique française,déjà décrit par albert thibaudet dans la première moitié du xxe siècle : en bref, les idées naissaient à gauche, puis passaient à droite, en une manière de dérive des continents polarisée (et accélérée). la droite française se serait donc vue condamnée à une situation d’infériorité morale et réelle par rapport aux progressistes, même quand ceux-ci ne gouvernaient pas. armée de ce constat, pour construire une idéologie de la reconquête, l’ump s’est lancée dans une reconquête de l’idéologie. plus encore que la conquête immédiate du pouvoir, il me semble que l’ambition de nicolas sarkozy a consisté à donner à sa formation politique le primat des idées, en déplaçant le combat sur le terrain des valeurs, préféré à celui des évolutions de la société. soulignons d’emblée ce que cette démarche pouvait avoir d’atypique : la principale faiblesse de la droite, mais également son honneur, tenait, jusqu’à jacques chirac, à ses professions de foi pragmatiques. oui, l’originalité de la droite modérée relevait moins, historiquement, des valeurs qu’elles défendaient que de la manière dont elle les relativisait. nicolas sarkozy a, lui, choisi d’articuler son projet autour de trois valeurs, de préférence à trois « mesures-phares Â» ou propositions détonnantes : liberté, travail, respect. nicolas sarkozy en sait quelque chose : l’épithète « libéral Â» se charge, pour qui se le voit accolé en france, d’un poids d’infamie à nul autre pareil. sans beaucoup s’avancer, on devine que les français sont le seul peuple d’europe occidentale à qui le vocable du communisme apparaît moins redoutable que celui du libéralisme. c’est que le libéralisme économique, dans ses applications concrètes, s’attaque prioritairement à l’etat. or, la nation française a été construite par l’etat, un etat dont l’existence l’a précédée : dans notre pays plus qu’ailleurs, tout discours violemment anti-étatique ressuscite le fantôme de la loi de la jungle. la seule expérience vraiment libérale qu’ait connue la france se situe entre 1986 et 1988, sous le second gouvernement de jacques chirac, voire, plus restrictivement, en 1986. elle s’est soldée par un échec retentissant aux élections présidentielles, la droite ayant échoué à construire une action qui ouvre ses soutiens au-delà de la seule clientèle des indépendants et inactifs, et renié ses deux meilleures alliées des années 60 et 70, jeanne d’arc et la sécurité sociale (jl bourlanges dixit). l’ump, ayant choisi de s’imposer sur le plan des valeurs, ne pouvait pour autant négliger de tirer quelques enseignements de l’histoire. en la matière, l’expérience désastreuse de 1988 semblait montrer qu’une droite hostile à l’etat par principe, prônant une sorte d’anarcho-libéralisme venu du fond des âges, dénonçant derrière toute politique sociale des velléités d’égalitarisme et de nivellement par le bas, une droite qui abandonnerait en chemin les valeurs des lumières, n’avait aucune chance de l’emporter en france sur le terrain électoral. pour être audible et entendu, le discours sur la valeur « liberté Â» devait se faire à la fois plus sophistiqué, moins étriqué et plus juste : la liberté comme promesse d’émancipation pour l’homme, et d’ascension sociale pour les faibles, plutôt que comme dénonciation d’un etat qui assujettit, et d’une énarchie qui corrompt. anatole france écrivit qu’un millionnaire et un clochard étaient également libres de dormir sous un pont. la liberté ne peut se réduire à ce cynisme-là, surtout lorsqu’on sollicite les suffrages des français. dans cette perspective, pour être « comestible Â» électoralement, le libéralisme doit remplir trois impératifs : éviter de contester sa légitimité historique à l’etat, promouvoir l’ascension sociale des classes moyennes et défavorisées, et étendre le champ des libertés individuelles. a l’examen de son projet, l’ump pourrait donc avoir saisi la nécessité, à la fois stratégique et morale, de ne pas réduire les valeurs libérales aux caquets de patrick devedjian et de gérard longuet. les discours de nicolas sarkozy sur l’etat évitent soigneusement tout dérapage sur la « mauvaise graisse Â» de certains fonctionnaires, ou la nécessité de « dégraisser le mammouth Â» éducatif. la réforme de l’etat telle que l’entend le projet de l’ump ? un silence presque total sur les perspectives de privatisations futures, ce qui tranche avec la « plateforme pour gouverner ensemble Â» de 1986 ; une promesse de remplacement d’un fonctionnaire sur deux, irréaliste et démagogique, même complétée par un engagement de revalorisation des agents du secteur public ; une suite d’annonces concernant la fusion de certains services (dst et dgse ; impôts et trésor ; unedic et anpe) ; des engagements sur le périmètre des départements ministériels (rattachement de la culture à l’education nationale, du secteur de l’energie au développement durable et à l’ecologie) ; la remise en cause des promotions à la seule ancienneté et une évaluation plus précise des agents publics. plus qu’une politique idéologiquement hostile à l’etat, on pourrait parler d’une tentative de penser une politique globale de la fonction publique, loin de tout poujadisme anti-étatique. nicolas sarkozy pouvait-il raisonnablement faire autrement ? sa prudence ne prend que le risque de décevoir une population très marginale, celle qui rêve d’une révolution thatchérienne ou reaganienne dans notre pays. en tant que ministre de l’intérieur, donc responsable, en quelque sorte, de la survie de l’etat, le candidat se devait jusqu’à présent de tenir un discours de réforme de l’etat qui, pour paraître ferme, ne versât pas dans une « pureté idéologique Â» qui l’eût condamné à l’échec. satisfaisante intellectuellement, la stricte fidélité à une vision du monde conduit en politique à la réduction minoritaire. l’etat utile, dans les discours de nicolas sarkozy, s’incarne dans la figure du policier ou dans celle de l’enseignant. cette dernière référence n’est pas anodine, pas plus que les clins d’œil récents du ministre de l’intérieur aux personnels de l’education nationale. pour se détacher de la gangue ultra-libérale, le ministre de l’intérieur et son camp ont en effet choisi d’articuler leurs propositions autour de l’idée de promotion sociale, dont l’ecole pourrait redevenir le pivot. classes préparatoires dans les quartiers difficiles, accès pour les 5% des élèves ayant les meilleurs résultats, quel que soit leur lycée, aux classes préparatoires ; réforme du service public de l’orientation, sans préciser selon quelles modalités et avec quels moyens ; discrimination positive, enfin. ce dernier terme, remisé par le ministre de l’intérieur depuis l’automne, absent du contrat de législature de l’ump, n’est plus utilisé que de manière subreptice dans ses discours, face à des publics choisis. c’est heureux… il traduisait une vision communautarisé et presque ethnicisé du problème de la mobilité sociale, et pouvait à ce titre être critiqué : les fils et filles de « petits blancs Â» chômeurs de la thiérache, du biterrois ou de la maurienne ont, eux aussi, besoin de croire qu’ils peuvent trouver leur place dans la société, et s’y épanouir. les mots pourtant, ici comme ailleurs, invitent à la prudence quant à ce visage volontairement « généreux Â» de nicolas sarkozy et de la droite-ump. plutôt que de parler de mobilité sociale, ce qui heurterait sans doute un électorat pour partie décidée à conserver pour ses enfants des positions acquises, le contrat de législature évoque le « mérite Â» comme valeur cardinale. or, il n’est évidemment pas d’équivalence des termes en cette occurrence. valoriser le mérite pourrait signifier que toute situation d’échec ou d’exclusion serait voulue : « pourquoi venir en aide à celui qui ne veut pas s’en sortir ?» se chargerait ensuite de demander m. sarkozy, familier des interrogations dans le discours, et plus encore des interro-négatives. suivre cette pente-là serait pénible pour la cohésion nationale : john rawls n’écrivait-il pas que le degré de civilisation d’une société se pouvait mesurer à la place que les plus faibles s’y voyaient réservée ? le projet de l’ump méconnaît pour partie qu’il n’est pas de liberté sans justice, ce qui infère que la puissance publique se charge de donner à chacun les moyens d’exercer sa liberté. la liberté, c’est certes la capacité de créer des inégalités, mais ce n’est pas strictement celle de les perpétuer. ainsi, la suppression des droits de succession proposée par le contrat de législature de l’ump vient heurter la logique de mobilité sociale, d’autant que les inégalités de patrimoine l’emportent de beaucoup, en france, sur les inégalités de revenus (assez raisonnables). pourquoi ne pas se limiter à élever le plafond au dessous duquel les successions sont exonérées de contributions, plutôt que de favoriser outrageusement les gros patrimoines de ce pays en soutenant leur logique de conservation ? sur ce plan, l’ump et nicolas sarkozy demeurent prisonniers de neuilly sur seine et de versailles. plus généralement, en croisant la liberté et la valeur « travail », beaucoup à droite pensent avoir réconcilié l’intérêt des patrons et la dignité ouvrière, les angoisses des indépendants et la frénésie consommatrice du salariat. la liberté de travailler plus pour gagner plus se veut au cÅ“ur du projet de l’ump pour la france : le paradoxe veut que ce slogan n’ait de sens ou d’intérêt que dans la fonction publique, qui le rejette pourtant par la voix de ses syndicats. la mesure permettrait certes de produire plus de richesses -beaucoup de français savent gré à sarkozy de rappeler que celles-ci doivent être créées avant d’être redistribuées- mais elle favoriserait les seuls insiders du monde du travail, au détriment probable des chômeurs et des précaires. en revanche, dans la fonction publique, le « travailler plus pour gagner plus Â» prend du sens : aux enseignants acceptant d’assurer des heures de surveillance, d’encadrement des devoirs, voire de dispenser une autre matière, l’etat saurait accorder un surcroît de revenus, revalorisant ainsi des traitements qui demeurent, au lycée, très médiocres compte tenu du niveau d’études préalable. nul doute que les comptes publics y trouveraient leur compte. pour autant, la déréglementation du régime des heures supplémentaires ne permettrait aucunement d’augmenter la taille de la population active occupée dans notre pays. enfin, la faiblesse principale de nicolas sarkozy et du projet législatifs de l’ump tiennent à la question de la société civile. ministre des charters, candidat qui préfère parler d’ « immigration Â» plutôt que d’immigrés pour minimiser peut-être l’aspect humain de ce problème, ministre des libertés publiques mais les ayant régulièrement restreintes depuis 2002, ministre de la police critiquant la justice, nicolas sarkozy a-t-il réfléchi aux conditions qui permirent que la société française « accepte Â» autrefois les dérégulations économiques dont il estime que la france a de nouveau besoin? malgré la confusion entretenue entre le pouvoir d’etat et le pouvoir politique, les années 60 virent, en france, une déréglementation du marché, consécutive au traité de rome. cette désétatisation de la france et son insertion dan le commerce international ne se firent pas sans heurts (grèves des mineurs notamment). mais le pouvoir sut accompagner son dessein libéral de mesures qui étendaient le champ des libertés individuelles, comme l’autorisation de la pilule contraceptive en 1967, ou la loi faure de réforme des universités en 1968. de même, valéry giscard d’estaing entendit-il poser des fondements sociétaux à sa politique économique « libérale Â» en faisant voter des lois sur le regroupement familial (la nationalité comme choix), sur l’avortement et sur l’élargissement de la saisine du conseil constitutionnel en 1974. c’est à cette « ouverture Â» que le pouvoir giscardien dut sans doute de l’emporter encore en 1978 : si on ne gagne pas toujours à faire la politique de ses adversaires, on perd toujours à ne faire que la politique des siens. pour éviter l’accusation d’anarcho-capitalisme, le libéralisme se doit de revendiquer hautement sa dimension politique et morale. un projet authentiquement libéral se doit donc d’assurer et de garantir l’égal respect de la dignité humaine, sans distinction de race, de religion, de sexe ou de préférence sexuelle. a cet égard, le contrat de législature de l’ump se contente de promettre plus de moyens pour la halde (haute autorité de lutte contre les discriminations) et de brandir la collégialité comme rempart aux dérives du système de la détention provisoire. si l’ump et nicolas sarkozy entendent sortir du piège anarcho-libéral en créant de nouveaux droits individuels, ils ne s’engagent guère sur le plan de leur garantie. la justice vue par la droite s’accommode des peines planchers, négation de tout le système pénal à la française. la possibilité d’une saisine du conseil constitutionnel par les citoyens, la progression des droits du consommateur par l’autorisation des actions de groupe (repoussée aux calendes grecques par l’actuelle assemblée nationale), le recours systématique aux travaux d’intérêt général pour les faits délictueux les moins lourds, l’amélioration des conditions de vie dans les prisons sont peu évoquées. la construction d’établissements pénitentiaires n’est pas une garantie de progression des libertés publiques, car on sait qu’elle a des conséquences inévitables sur les décisions d’incarcération prises par les juges d’instruction. s’ils répondent à l’exigence de décence des conditions de détention, les programmes immobiliers de l’administration pénitentiaire ne peuvent tenir lieu de réflexion sur la place de la prison dans notre société, ou sur la réinsertion des délinquants. sur le plan des libertés individuelles, le projet de l’ump et de nicolas sarkozy offre des garanties insuffisantes pour démentir l’impression laissée par des déclarations agressives sur le pouvoir judiciaire et les juges. on sait pourtant que la france consacre proportionnellement moins de moyens à sa justice que la plupart des etats européens. quid de la nécessaire protection (voire progression) des libertés « privées Â» dans le projet de l’ump ? il y est d’abord question d’une progression des libertés individuelles : sur le terrain sociétal, l’aménagement du pacs pour le rendre porteur des mêmes droits que le mariage, notamment en matière de successions, constituerait une réelle avancée, si d’aventure une droite victorieuse ne choisissait pas d’oublier ses promesses en chemin, comme en 2002. plus largement, le contrat de législature dénonce « l’intrusion de la puissance publique dans la vie privée », ce qui évoque sieyès (« la fin de tout établissement public est la liberté individuelle »), et comporte un passage obligé sur les droits des femmes, sans en faire une priorité au même titre que l’ump. le droit à un environnement sain se voit au contraire accorder une place considérable, signe sans doute de l’influence de mme kosciusko-morizet au sein de l’ump. en conclusion, le projet de l’ump et de nicolas sarkozy se voudrait l’incarnation d’une double rupture : -rupture avec les traditions politiques de sa famille politique, pour mieux incarner l’union des droites gaulliste, libérale et même traditionaliste (bonapartiste, orléaniste et légitimiste, si on tient à la tripartition établie par rené rémond) ; elle passe par une reconquête de l’idéologie, qui voudrait cependant éviter les pièges du libéralisme réactionnaire se gardant d’attaquer l’etat de front, en s’attachant à promouvoir l’ascension sociale, en assurant de nouveaux droits ; pour autant, la faiblesse du projet quant aux garanties dont disposent les citoyens face à la puissance étatique est susceptible de réactiver le fantasme d’un « libéralisme conservateur Â» ; -rupture avec les politiques conduites en france depuis 25 ans ; de ce point de vue, le projet ménage un équilibre subtil entre la reconnaissance du travail accompli depuis 2002 par les gouvernements raffarin et villepin, notamment sur les retraites ou la lutte contre les discriminations, et la formalisation d’une série de ruptures symboliques discrètes mais décisives : une politique étrangère qui tranche avec le « cynisme du faible Â» ; un président ayant accès à l’hémicycle de l’assemblée nationale ; une politique de la fonction publique plus cohérente, mais dont l’énoncé n’échappe pas à la démagogie ; la revalorisation de la valeur « travail Â» et du mérite, comme pour rompre avec l’esprit de jouissance, de loisirs et d’oisiveté fantasmé de certains français. pour l’essentiel, l’hétérogénéité du contrat de législature tient à ce grand parti de la droite et du centre que l’ump est devenue, sinon électoralement, du moins en termes notabiliaires et d’appareils. le hiatus le plus préoccupant se noue entre les déclarations –parfois aventureuses- d’un candidat à la proposition facile, et une ambition partidaire à la fois plus raisonnable et plus ambitieuse. comme si la droite mesurait à son tour le décalage entre les nécessités de la conquête du pouvoir et celles de l’exercice du pouvoir…" aucun commentaire dimanche, octobre 7 2007 un genre américain par david valence le dimanche, octobre 7 2007, 08:15 cinéma un récent séjour outre-atlantique m'a permis de constater un renouveau du western, genre américain par excellence. a voir "3h10 pour yuma" ou "l'assassinat de jesse james" à l'affiche des salles obscures de princeton, new jersey, on pouvait se croire ramené 60 ans en arrière. las! il ne s'agissait que de remakes, peut-être valables au demeurant. la question de fond demeurait et demeure cependant : pourquoi ce retour de flamme hollywoodien? premier élément de réponse : la crise d'inventivité des scénaristes. a l'époque des studios -où les acteurs s'enchaînaient à la columbia, à united artists, à la mgm, à la warner, à la fox, à la republic-, un scénariste se recrutait parmi les auteurs de théâtre (clifford odets), les auteurs tout court (faulkner, chandler, fitzgerald) voire les diplômés des grandes universités américaines, non spécialisés pourtant dans les scénarii (joseph l. mankiewicz, diplômé de columbia university). entre ces grands noms et le scribouillard de série b -le personnage joué par william holden dans "sunset boulevard" avoue un passé de journaliste dans le midwest-, le fossé pouvait sembler énorme. mais le métier de scénariste n'était pas enseigné, et c'est là pour nous l'essentiel : où naît l'enseignement de ce qu'un récit doit comporter de spécifiquement cinématographique, périt la démesure dans le rapport au film, l'idée même que puisse exister un autre cinéma. pensons à cette veine épique et non strictement narrative qu'inaugura -sans suite- "birth of a nation" de griffith... sans se prononcer sur le fond du film, qu'on sait raciste au dernier degré, on ressent à le visionner une sensation de dépaysement que le seul muet ne saurait expliquer. c'est que le cinéma s'inventait alors. griffith et son scénariste en avaient tiré parti en explorant les ressources de l'épopée sur grand ércan, sans personnage principal ni héros. on enseigne désormais l'art du scénariste dans toutes les universités américaines, en rapport étroit avec les exigences des producteurs. ceci conditionne cela. quand vous savez que votre metteur en scène, quelque prestigieux qu'il soit, n'aura pas la liberté nécessaire pour imposer un plan de 5 ou 6 minutes -là où ford par exemple l'osait, dans "two rode together"- , vous n'écrivez pas de scènes se prêtant à des techniques "exceptionnelles". au contraire, vous hachez, vous faîtes se succéder très rapidement les épisodes narratifs : trop de metteurs en scène américains ont aujourd'hui à coeur de respecter cet usage au départ télévisuel et qui consiste à limiter chaque plan à 30 secondes au maximum, quitte à se payer un ou deux travelings "artistiques" au début et à la fin du long métrage. un scénario calibré, une mise en scène calibrée, un film calibré pour un public le plus large possible : recette conteporaine du succès? le système, cependant, finit par tourner en rond. et les entrées de se tarir. le spectateur se lasse des récits construits sur une trame identique. que faire, se demandent les producteurs? les plus audacieux ou les mieux renseignés -au moyen d'enquêtes coûteuses auprès de "consommateurs de films"- réalisent que le public nourrit une vague nostalgie pour des genres délaissés : le film noir, le péplum (troie ; alexandre), le western, demain peut-être le film de cape et d'épée. ce constat dressé, l'industrie du cinéma s'ébranle à la recherche d'un scénario valable. l'idéal demeure d'adapter un livre à grand succès, ce qui garantit que les lecteurs se rendront à tout le moins dans les salles, par curiosité : on se souvient de l'excellente version du "dahlia noir" de james ellroy, sorti en france l'an dernier, et qui renouait avec la blonde platine, les costumes un peu larges, les conduites intérieures noires et le whisky-eau de seltz. autre solution, le remake, plus hasardeux en apparence : qui dira, sans présumer du reste, que keanu reeves vaille feu glenn ford (3h10 pour yuma)? l'usage du genre dans ce type de productions ne tourne jamais au parodique ou au contraire à l'épure, que se permirent respectivement jarmusch (dead man) et eastwood (unforgiven) avec le western. au contraire, les scénaristes du xxie siècle respectent strictement les codes d'autrefois, ce qui donne à ces bouquets de films de genre un caractère académique, donc éphémère. s'agissant du frémissement manifesté par le cinéma américain en faveur du western, une autre explication peut être avancée. la guerre en irak, quoique moins meurtrière que le conflit vietnamien, invite les etats-unis à repenser leur rôle de "porteurs de flamme du progrès" comme leur destinée manifeste. il n'est pas indifférent qu'après que sa mort avait été annoncée, le western ait retrouvé une faveur éphémère dans le cinéma américain des années 1965-1975, en particulier pour l'oeil des jeunes réalisateurs : monte hellman (l'ouragan de la vengeance ; the shooting), robert altman (john maccabe), samuel peckinpah (la horde sauvage), sydney pollack (jeremiah johnson), clint eastwood (l'homme des hautes plaines, josey wales hors-la-loi). souvent violents -peckinpah- ou désenchantés, ces films avaient en commun de détruire à leur manière le mythe de l'invincibilité et de la bonté "américaines", dans un contexte marqué par la guerre du vietnam. on pourrait ajouter à cette liste un sauvageon tardif, "heaven's gate" de cimino. a l'époque, le cilice des studios ne meurtrissait pas la chair des réalisateurs avec autant de cruauté qu'aujourd'hui. le retour momentané au film de genre pour penser la "saga americana" et son avenir procédait d'un questionnement d'artiste. qu'en sera-t-il des westerns contemporains? notre désenchantement quant au fonctionnement de l'industrie du cinéma outre-atlantique nous pousserait au pessimisme. ajoutez à cela le choix de certains acteurs : le musculeux et médiocre brad pitt pour le film sur jesse james... mais taisons là nos doutes, et jugeons -demain- sur pièces. 3 commentaires samedi, septembre 29 2007 gourmand, trop gourmand par david valence le samedi, septembre 29 2007, 08:10 valeurs vosges chacun ses marottes : ce billet enfourche derechef le cheval institutionnel. vous vous lasserez peut-être de ce goût-là, et de ne pas lire sur le blog plus de considérations sur la birmanie, le grenelle de l'environnement ou la réforme des régimes spéciaux (en vrac). le cas échéant, mille excuses aux esprits moins obsessionnels que le mien ou, soyons cruels, plus immodestes encore. un entrefilet paru dans "le monde" daté d'avant-hier avait le don de stupéfier : jean-françois copé, ci-devant maire de meaux et président du groupe ump à l'assemblée nationale, qui émerge à peine de cinq années dans les palais ministériels, aurait été recruté par le cabinet d'affaires "gide loyrette nouel" pour une activité de consultant ponctuel. mettons de côté l'aspect "incarné" de cette information. oui, jean-françois copé tient le rôle de la parfaite tête à claques pour l'opposition depuis plusieurs années. bosseur mais arrogant, discourtois et péremptoire, jean-françois copé s'est appliqué à poser en chef de meute depuis juin 2007. il est pourtant une contradiction entre les nécessités de la carrière personnelle de m. copé et l'intérêt du groupe majoritaire : le maire de meaux, que le président de la république apprécie peu, cherche à se faire bien voir de l'elysée pour retrouver un maroquin ; les élus ump doivent au contraire réinventer le rôle d'une majorité dans le cadre s'une république "sur-présidentialisée". adepte de la férule plus que de la carotte pour faire avancer le groupe dans un sens purement gouvernemental, l'ancien ministre du budget n'était pas un bon choix pour ce poste, qui exige doigté, connaissance et respect de la fonction parlementaire. un garde-chiourme y réussira moins bien qu'un diplomate : nous n'irons pas plus loin, réservant tout jugement développé sur l'action de m. copé à une date ultérieure. dans l'absolu, la révélation du "monde" soulève deux problèmes : celui du cumul des mandats, et plus largement de l'opportunité du cumul entre activité professionnelle et fonction parlementaire ; celui de l'éthique en politique. lors du colloque sur les institutions organisé il y a peu par le nouveau centre et les réformateurs de l'ump, gérard longuet et hervé morin étaient tombés d'accord pour préconiser l'interdiction du cumul entre un exécutif local et un mandat de député. a l'heure actuelle, un député "vertueux", qui refuse l'exercice de tout autre mandat, se place en situation difficile face aux élus locaux qui guignent son siège ou même aux parachutés soutenus par ces élus locaux : en témoignent les sueurs froides d'arnaud montebourg en saône-et-loire lors des dernières législatives. pour compenser cet absence de mandat local, le député roublard aura tendance, en l'état présent des choses, à se muer en élu local (bis), bureau des pleurs et des réclamations plus que faiseur de lois : songeons à certain député de la 3e circonscription des vosges... notre opinion est faite depuis longtemps sur ce sujet. la mère des réformes en matière d'institutions, c'est l'interdiction du cumul des mandats pour les députés. en ce sens, nous blâmons m. copé, député-maire de meaux, sans oublier que la mécanique élective contemporaine le contraint à la collection de casquettes. etait-il bien nécessaire d'en coiffer une aux couleurs d'un prestigieux cabinet d'affaires? ecoutons m. copé : il justifie sa décision par le souci de rester en contact avec "la réalité". comme si le quotidien des avocats d'affaires avait à voir avec les tracas de mme michu... plus prosaïquement, on peut envisager que l'embauche de m. copé ne soit pas étrangère, pour ce qui le concerne, à des préoccupations pécuniaires et familiales. le président du groupe ump à l'assemblée nationale pourrait cependant interpeler l'opinion sur la nécessité de revaloriser le traitement des députés. ce serait prendre un risque politique. alors qu'en apposant discrètement sa signature au bas d'un contrat, dans l'atmosphère ouatée d'un siège parisien... n'oublions pas de surcroît qu'en sa qualité d'ancien ministre du budget, m. copé a pu rencontrer, il y a six mois, les intérêts de certains des clients du cabinet pour lequel il va travailler, ce qui pose un problème de moralité publique. le problème n'est pas neuf : après tout, m. edmond alphandéry, ancien ministre de l'economie, est devenu peu après pdg d'edf, mais il s'agissait alors d'une entreprise publique. le choix de m. copé évoque plus volontiers le destin du chancelier schröder -toutes proportions gardées-. on objectera que l'exercice en parallèle d'une activité professionnelle permet aux députés de s'assurer, en cas de défaite, d'échapper à l'anpe. en 1993, au moment de la déroute socialiste, beaucoup d'anciens parlementaires se retrouvèrent au contraire le bec dans l'eau, faute d'avoir préparé un plan "défaite". et d'aborder ici la question du statut de l'élu, serpent de mer s'il en est. une option raisonnable consisterait à prévoir que les député battus intègrent un corps de l'inspection de l'administration (inspection du travail, de l'éducation nationale, des prisons, ...) pour une durée de 5 ans : je soumets cette hypothèse à la sagacité de mes lecteurs. quant à m. copé, nous souhaitons que les négociations qu'il aura à connaître chez "gide, ..." lui apprennent la souplesse et le respect de l'adversaire. ou comment passer de l'indignation au voeu pieux... 2 commentaires jeudi, septembre 20 2007 du bon usage de retz par david valence le jeudi, septembre 20 2007, 19:38 pour un centre utile région lorraine les plus mitterrandiens de nos lecteurs savent que leur grand homme goûtait les mémorialistes du grand siècle. de sa dilection toute particulière pour paul de gondi, cardinal de retz, le natif de jarnac ne faisait pas mystère. les proches racontent à qui veut l'entendre qu'une phrase du grand frondeur revenait souvent sur les lèvres de mitterrand : "on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment". chacun pourra vérifier l'exactitude de la citation en se plongeant dans la touffeur des mémoires. ce n'est pas ici notre objet. je révélerai au contraire que cette sentence cardinalice m'est revenue en mémoire à la faveur d'un colloque récent sur la réforme des institutions. c'était hier 19 septembre, à l'assemblée nationale. le décalage horaire lestait mes membres du poids de plus d'années que je n'en ai encore. l'événement étant organisé par le nouveau centre et le courant des réformateurs (au sein de l'ump) dans une belle salle de l'assemblée nationale, je me suis cependant fait violence. a l'heure où la commission balladur entame ses travaux, comment se désintéresser de la loi commune et fondamentale? salle colbert, du beau monde : notre ministre hervé morin, philippe houillon (député ump, qui s'est illustré lors de la commission d'enquête sur l'affaire d'outreau), arnaud montebourg, le constitutionnaliste bastien françois, le politiste pascal perrineau, jean-christophe lagarde, ainsi que gérard longuet. a voir ce dernier, remarquable président du conseil régional de lorraine avant 2004, mon coeur de vosgien se réjouissait. et le sénateur de la meuse d'introduire en effet les débats avec précision et habileté. les orateurs qui suivirent se rejoignaient - hormis jean-christophe lagarde- sur la nécessité de limiter, voire d'empêcher radicalement tout cumul des mandats pour les parlementaires, exception étant accordée au sénat. il fut aussi question de la limitation de l'usage du 49-3 au vote du budget, de la maîtrise de leur ordre du jour par les chambres elles-mêmes, ainsi que de la nécessité de rompre avec la pratique du "domaine réservé" (théorisée par chaban-delmas) en permettant à l'assemblée de se prononcer a priori sur le mandat des représentants de notre pays dans les négociations internationales ou européennes. après quelques minutes, ce bon vieux cardinal de retz se rappelait toutefois à notre souvenir. "on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment". les intervenants l'avaient peut-être lu qui, arnaud montebourg, bastien françois et jean-christophe lagarde mis à part, évacuaient soigneusement la question de la responsabilité du président de la république et de la suppression du premier ministre. mais aussi, comment résister aux blandices d'un régime mi-chèvre, mi-choux, à qui on reconnaît une bienfaisante souplesse (elle n'est qu'unidirectionnelle)? d'autant que la pratique institutionnelle permet au président de se décharger des arbitrages embarassants sur un premier ministre fragile. douce, confortable ambiguïté, qui ne profite depuis des lustres qu'au seul chef de l'etat : comme si le vote présidentiel valait délégation absolue du pouvoir à un seul homme... humilité à part, il me semble que la question première que doivent se poser les membres de la commission balladur est la suivante : devons-nous, oui ou non, trancher en faveur d'un régime présidentiel en droit, et contre un régime hyper-présidentiel en fait? des réponses différentes peuvent y être apportées : avec arnaud montebourg, bastien françois ou jean-louis bourlanges, je pencherais spontanément, par incorrigible libéralisme politique, en faveur d'un régime parlementaire à l'allemande, qui offrît toutes les garanties de stabilité. ce régime-là, c'est d'ailleurs celui que défendirent toujours les penseurs de la modération et du libéralisme (thibaudet, aron, ...). las! le souvenir de la ive république a agi dans l'opinion publique comme un miroir déformant pour tout le parlementarisme, en réduisant les mérites à rien, et les défauts à l'essentiel, c'est-à-dire la survie de la nation et de l'etat. l'élection du président de la république au suffrage universel direct, la réforme du quinquennat et l'inversion du calendrier -que françois bayrou, tout à ses mirages élyséens, fut le premier à réclamer- ont fait glisser le régime de la ve république sur une pente monarchique. il eût pu en être autrement, et michel debré regretta un temps, après 1958, qu'on se résigne à cette lecture-là de notre constitution. la politique se veut art du possible : il ne sert à rien de regretter la lampe à huile ou la marine à voile, pas plus que les occasions perdues de revenir à la norme européenne d'un chef de l'etat qui arbitre et d'un chef de gouvernement qui gouverne. arnaud montebourg et bastien françois eux-mêmes n'osèrent hier d'allusions que voilées à la vieille tradition républicaine : celle d'un parlement qui légifère vraiment. comme nous -humilité toujours à part-, ils semblaient prêts à accepter qu'on tournât le braquet dans l'autre sens, l'ambiguïté des institutions s'avérant à l'usage plus handicapante que bénéfique. a cette heure, l'établissement en droit d'un régime présidentiel ne déferait pas beaucoup des plis imprimés à notre lecture de la constitution. il se traduirait surtout par un renforcement considérable des pouvoirs du parlement. c'est une réalité méconnue en france, mais le président des etats-unis d'amérique se heurte souvent au congrès, même quand celui-ci est dominé par son "camp". dans de nombreux cas, il est contraint de négocier avec les (autres) représentants du peuple. cet équilibre strict entre des pouvoirs qui ne procèdent nullement l'un de l'autre a pu produire des catastrophes (la réforme de la protection sociale par bill clinton en 1996 ; la guerre en irak) comme des textes équilibrés et justes (les lois de lutte contre la discrimination votées sous lyndon b. johnson). répétons-le : le président sarkozy est aujourd'hui plus puissant dans les faits, en france, que george bush ne l'est lui-même sur le territoire américain. en refusant de trancher le noeud gordien -ici le caractère hybride du texte de 1958, qui ne convenait peut-être qu'à de gaulle-, hervé morin, gérard longuet ou plus encore philippe houillon semblaient hier pécher par timidité. françois bayrou avait choisi de demeurer, lui aussi, dans l'ambiguïté sur ce sujet, pendant sa campagne présidentielle. certes, il est bon que la main tremble à l'heure d'opérer l'organe vital de la démocratie. rien de plus naturel que de se méfier des remèdes de cheval. mais on ne résoudra rien en multipliant les interventions bénignes, alors que c'est le coeur de la république qui est touché. comment expliquer que beaucoup rechignent, au centre et à droite, à penser globalement une réforme institutionnelle, comme jack lang ou edouard balladur, en vieux praticiens du pouvoir, surent le faire autrefois? ne négligeons pas, d'abord, ce travers français qui veut qu'un titre, surtout lorsqu'il est prestigieux, ne puisse disparaître. gare à celui qui supprimerait le premier ministre, quand tant d'hommes rêvent des ors -et du jardin- de matignon, sans en bien mesurer les servitudes! ne minimisons pas non plus ce que peut avoir de confortable et de rassurant la présence hebdomadaire parmi eux, pour les députés ou les sénateurs, du 3e personnage de l'etat. n'ignorons pas enfin que le chef du gouvernement prête une oreille plus compréhensive que le président de la république aux demandes de modification du tracé des routes ou de plan de sauvetage d'une usine... est-ce suffisant pour maintenir une fonction qui, en servant de paravent à l'omnipotence présidentielle, contraint les parlementaires à dialoguer avec l'exécutif pour l'amour du verbe et par intermédiaire? notre réponse -et qui nous coûte, je le répète- est négative, sans ambiguïté. jean-christophe lagarde nous a semblé pencher dans le même sens, pour des raisons proches. avec tout le soutien que je leur accorde dans leur action politique, et avec leur permission, je pourrais conseiller à certains des dirigeants présents en salle colbert de préférer alfred de musset au cardinal de retz, contre tout goût strictement littéraire. en matière constitutionnelle, je crois qu'"il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" plus qu'au danger de rompre avec l'ambiguïté. 16 commentaires mardi, septembre 18 2007 retour de new york par david valence le mardi, septembre 18 2007, 04:23 mes vacances outre-atlantique prendront fin mercredi. mille excuses pour ce silence de quelques jours! un commentaire samedi, septembre 8 2007 des céréales allochtones en général, et du maïs en particulier par david valence le samedi, septembre 8 2007, 13:35 canton de bruyères canton de remiremont ecologie vallée de la moselle vosges le match ouvert entre les intérêts économiques locaux et les préoccupations écologiques est clos, à entendre les déclarations vertueuses du président de la république, de jean-louis borloo et de michel barnier. on note en effet que la responsabilité écologique et sociale des entreprises intègre les discours des dirigeants patronaux. depuis plusieurs années, des initiatives ont été prises afin de regrouper des acteurs du monde de l’entreprise « durable Â» : le souci de l’avenir à long et moyen terme ne signifie pas la faillite à court terme. nous citerons ici l’association « entreprendre vert », présidée par notre amie andrée buchmann, conseillère régionale d’alsace (http://www.entreprendrevert.org). ces perspectives « rassembleuses Â» ne font pas oublier qu’à l’heure du choix en matière de réglementation ou de législation, la main de l’etat tremble trop souvent devant les lobbies. cette observation vaut tout particulièrement pour le ministère de l’agriculture. prenons un exemple concret : la culture du maïs. a ceux de mes lecteurs dont les notions céréalières pèchent par minceur, je précise que le grain d’or ramené d’amérique a tendance à appauvrir les sols, et surtout à les raviner. la rotation des cultures d’une année sur l’autre permet rarement de réparer les dégâts causés par le maïs : champs sillonnés de multiples petites crevasses et asséchés. je ne sache pas que les européens consomment directement beaucoup de maïs ; sans doute cette céréale fournit-elle la matière à maints extraits mystérieux qui entrent dans la composition de produits alimentaires préparés. ce sont ces usages-là qui expliquent la multiplication des champs plantés de maïs dans le secteur des vosges dont je suis originaire (cantons de bruyères et de remiremont). voilà une céréale peu chère à la semence, qui rapporte bien et demande peu d’entretien. sauf que… les ravines dans une terre appauvrie ne facilitent pas l’absorption de l’eau par le sol, mais plutôt sa stagnation en surface, ou au contraire son écoulement trop rapide vers l’aval, avec les risques que cela suppose en périodes de crue des rivières. mon intention n’est pas de proposer un retour aux bonnes vieilles cultures d’autrefois, style choux-orge-avoine, d’autant que cet article se nourrit de la seule observation d’un phénomène qui peut n’être que localisé. il ne semble pas déraisonnable cependant de conseiller au ministère de l’agriculture de poursuivre sa mue et de se détacher du productivisme, pour réglementer au plus près des réalités physiques de la france. en l’espèce, cela signifie que la culture du maïs devrait cesser d’être encouragée aveuglément. nous ne sommes pas les propriétaires, ni même les légataires d’un espace naturel, mais ses usagers, parmi des milliards d’autres : c’est ce principe qui devrait inspirer notre agriculture, au moins autant que les intérêts des grands groupes agroalimentaires. 5 commentaires vendredi, août 31 2007 le calme et l'audace des vieilles troupes par david valence le vendredi, août 31 2007, 08:24 gouvernement fillon valeurs la comité chargé de réfléchir à la réforme des institutions ne compte , et c’est heureux, pas que des jerphanion : aussi vénérables que nous paraissent mm. balladur, lang, duhamel et bourlanges, le souvenir de leur énergie, au coeur de la mêlée, reste vif. les sages, c’est connu, réfléchissent mieux à l’ombre cependant. qui sait où le comité en question se réunira ? auditionnera-t-il des responsables politiques, syndicaux, des intellectuels, comme le fit naguère la commission stasi ? chacun fait mine de l’ignorer. a celui qui rechigne, on oppose la torpeur estivale. circulez, on vous donnera quelque chose à voir dans deux semaines, trois mois ou six, c’est selon. en cas de calendrier désertique, gageons que le président de la république saura sommer les « sages Â» de se presser, pour recevoir de leurs mains de nouvelles tables de la loi fondamentale. j’ai dit il y a peu mon sentiment quant au contenu de la feuille de route tracée par le président de la république. en bref, ce qui étonne, c’est la propension du pouvoir à invoquer la culture républicaine pour user de ses valeurs dans le sens de la fermeture, tout en affectant d’ignorer cette composante essentielle de la république telle que l’entendaient léon gambetta, jules ferry ou georges clemenceau : le parlementarisme. le comité de la réforme constitutionnelle ouvrira-t-il le bocal où le débat parlementaire se dessèche depuis 1958 ? l’avenir, ou l’oracle balladur le diront. les signes les plus concrets et les plus déchiffrables d’une évolution institutionnelle vers le haut, dans le sens d’une relative déconcentration des pouvoirs, viennent pour le moment d’ailleurs. du parlement lui-même, où beaucoup de députés, bousculés et bluffés à la fois par sarkozy, ont décidé dès aujourd’hui de « l’ouvrir ». un exemple ? pierre méhaignerie, dans le monde daté du 29 août 2007. la voix du député d’ille-et-vilaine n’a rien d’un organe de stentor : timide, sinueuse, la phrase en tient plus de pinay que de mendès france, de chautemps que de blum. son « non à la tva sociale Â» s’est perdu dans la forêt des tribunes qui paraissent chaque jour : qui écoute encore pierre méhaignerie à paris ? pas les journalistes, qui boudent ce cheval de retour peu glamour, dont le seul titre de gloire récent est d’avoir refusé un ministère –l’agriculture- qu’un autre, plus jeune et plus « capé Â» pourtant, s’est fait un plaisir d’accepter. regardons de plus près l’article de m. méhaignerie. il commence par ces mots : « le gouvernement se trompe ». c’est le président de la commission des affaires sociales, culturelles et familiales qui le dit. du fond de l’article, on pourra discuter plus tard. il importe beaucoup aux démocrates et libéraux de ce pays, en revanche, qu’un président de commission parlementaire autre que didier migaud écrive ces mots : « le gouvernement se trompe ». m. copé peut s’époumoner, hurler au respect strict et entier du vote des français, rien n’y fait : la voix de m. méhaignerie perce pour notre oreille le hourvari orchestré par le président du groupe ump. la tva sociale ne figurait pas dans le projet de nicolas sarkozy, rien n’interdit donc à un ancien secrétaire général de l’ump d’en critiquer publiquement le principe. quant aux électeurs de m. sarkozy, ne vous en faîtes pas une tunique trop moulante, m. copé, sous peine de subir le sort d’héraclès dans celle de nessus. oui, il est des électeurs de m. sarkozy au second tour qui souhaitent des députés plus libres, une démocratie plus profonde et responsable. cette audace-là se trouve aujourd’hui dans la bouche et sous la plume des vieilles troupes. je forme le vÅ“u que demain, les députés français sachent retenir la leçon de m. méhaignerie, ou des parlementaires britanniques : voter contre ses convictions, c’est laisser à la réalité le soin de trancher de la qualité de la loi. avec les risques que cela suppose. 3 commentaires samedi, août 25 2007 point barre par david valence le samedi, août 25 2007, 19:06 histoire politique valeurs les enterrements sont moments d'adieux et de retrouvailles. a l'heure où chacun titre à la mort d'un centriste en la personne de raymond barre, la grande famille des modérés est appelée à se réunir et à en célébrer la mémoire. pour les enfants que nous fûmes dans les années 1980, barre restera associé à une clarté lumineuse dans l'explication. doué de cette forme exigeante d'attention à l'autre qu'exige la pédagogie, le professeur barre promenait en politique sa liberté d'universitaire. les français, qui ne l'aimaient guère en mai 1981, lui surent gré d'avoir préché l'effort, même à contretemps. les égarements économiques à senestre lui firent, a posteriori, une réputation de sage dans le grand public ; les bachoteurs de tout poil lui avaient reconnu cette dignité-là depuis longtemps. a quoi sert-il d'être sage dans des hémicycles où tout fait tumulte? on attend de vous l'apaisement, la mollesse, l'à-quoi bon. voilà qui tient lieu de sagesse trop souvent. barre n'était pas de ces sages en gélatine. il choquait encore, à bon escient jusqu'en 2007. l'élu du rhône vilipendait la cohabitation dès 1986, avant que l'unanimité se fasse contre elle à la faveur du référendum sur le quinquennat (2000) et de l'inversion du calendrier (2001). l'ancien premier ministre osait parler de l'indépendance corse sur le ton de la boutade, ce qui révoltait les corses du continent -des légions!-. mais il posait les termes du débat. raymond barre ne s'enferrait pas dans un parti, il n'hésitait pas distribuer les louanges à gauche (rocard, jospin) et les baffes à droite (chirac 1986, raffarin, villepin). dans l'ensemble, m. barre ne se trompait pas d'adversaire cependant, et ne se retrouva jamais à plaider le "ni-ni", écrasé entre deux icebergs. il était de la famille pour les gens de droite, de ces cousins éloignés qui scandalisent les vieilles lignées quand leur réputation va jusque-là. en dernier ressort, on savait bien où il penchait, et à dieu vat. non, raymond barre n'avait pas confondu la liberté avec l'absolue solitude, la sincérité avec le non-alignement. la leçon en pourrait être méditée longuement, à l'heure où la voix d'or de françois bayrou se perd dans les sables d'un été pluvieux, mais heureux pour le pouvoir. avant de conclure par un coup de chapeau, comment taire un regret? les derniers propos de raymond barre au public, en février 2007 ne le valaient pas. parler de "lobby juif", c'était rappeler les mots malheureux de la rue copernic (des "juifs et des français innocents"), et autoriser les soupçons les plus malintentionnés. chacun sait pourtant, m. barre, que vous fûtes un modèle sur le plan des actes et de l'esprit de tolérance, contrairement à d'autres... un homme d'etat s'en va avec nos regrets et nos souvenirs d'un temps où le centre, quoique divisé, savait recoller les morceaux dans un gros ventre confédéral. et la question de surgir à nouveau, qui nous taraude à l'instant des pertes nationales comme des deuils intimes : mort, où est ta victoire? 6 commentaires samedi, août 18 2007 pauvre justice par david valence le samedi, août 18 2007, 19:47 sécurité vosges niché entre deux monts vosgiens, on pourrait goûter le calme des lieux, se repaître de verdure. ce sont clichés de citadins. ils présument l'intangibilité de paysages qui changent vite, le silence d'une nature plus frénétique que paisible. l'esprit ne trouve pas de quiétude dans l'isolement : plutôt l'ardeur. et la rumeur du monde charrie son lot d'indignations. la liberté de l'est de ce samedi 18 août publie un éditorial de gilles varin. je ne connais pas cette plume. le titre en question a perdu de son originalité depuis son rachat, quoique ses colonnes offrent les informations les plus précises sur mon département de coeur. ce matin 18 août, m. varin commente pour des milliers de châsses un fait divers douloureux : l'enlèvement et le viol du petit enis kocakurt par un pédophile récidiviste. l'indignation est de rigueur, qu'on partage avec l'éditorialiste vosgien. le coeur de l'article laisse songeur cependant. etait-il bien nécessaire d'écrire ceci : "ce qu'il faut, c'est les empêcher de nuire, coûte que coûte", au sujet des délinquants sexuels? et de poursuivre : "lundi, nicolas sarkozy a convoqué une réunion inter-ministérielle (sic). on espère, là, qu'une solution sera trouvée. radicale. c'est la vie de nos enfants qui est en jeu". au passage, m. varin croit utile de minimiser les propos du président de l'union syndicale des magistrats. m. bruno thouzellier a pointé le manque de moyens pour expliquer que des pédophiles récidivistes puissent ne pas recevoir l'encadrement nécessaire à leur sortie de prison. sans vouloir faire la leçon à m. vautrin, sans lui contester sa carte de presse, on peut se demander si le devoir d'un journaliste, a fortiori régional, est de hurler avec les loups. il répliquera que les propriétaires de journaux poussent à la démagogie, garantie de tirage. la banalité indignée ne choque personne. fait-elle vendre cependant? garantir les libertés publiques et la sécurité des citoyens : tels sont les objectifs de l'institution judiciaire. les maniaques de la matraque et de la répression voudraient nous faire croire que l'un et l'autre ne peuvent être conciliés. m. varin propose qu'une liste des pédophiles soit consultable par tous sur internet. une telle disponibilité de l'information eût-elle évité au jeune enis de vivre un calvaire? sans doute pas. en revanche, elle aurait garanti à l'affreux coupable la réprobation de voisins, les crachats sur la voiture, voire pire, avant même la récidive. livrer un homme à l'opprobre public ne constitue pas une garantie de sécurité en soi. la société américaine est-elle moins violente que la nôtre, qui publie sur la toile les profils des pédophiles de chaque état? que m. varin se le demande... a chaque incident qui touche sa profession, un fonctionnaire répliquera par le manque de moyens. le danger tient à la banalisation du propos : à tel qui crie au feu chaque matin, il est tentant de répondre par l'incrédulité, l'asphyxie menacerait-elle... en l'espèce, le président de l'union syndicale des magistrats avait pourtant identifié l'origine du problème. oui, la france devrait avoir honte de sa justice. les lois sont votées, qui garantissent le suivi des délinquants sexuels : il y manque simplement les moyens (financement d'un encadrement médical, psychologique, ...). le gouvernement villepin a su effectuer un effort louable en faveur de la justice française, que devrait poursuivre le pouvoir actuel. mais disons-le tout net : en suivant la pente de la seule émotion, on légifère mal. après le fiasco d'outreau, chacun penchait pour une meilleure garantie des libertés publiques ; aujourd'hui, il faudrait au contraire les restreindre. augmenter le nombre des juges permettrait de garantir la collégialité des décisions de justice les plus lourdes, voire de l'instruction. augmenter le budget de la justice autoriserait un suivi amélioré des délinquants sexuels. la quiétude estivale n'autorise pas les raccourcis, m. varin. et votre légitime indignation, exprimée en termes insatisfaisants, ne suffira pas à endiguer la marée du mal. 7 commentaires mercredi, août 8 2007 perspectives vosgiennes par david valence le mercredi, août 8 2007, 18:53 canton de bruyères canton de remiremont région lorraine vallée de la moselle vosges beaucoup s'en désolent mais je m'en réjouis : l'été prend un charme automnal ces jours-ci. les congés s'écoulent dans la maison familiale en compagnie du silence ou d'un gazouillis pluvieux. quelles perspectives? lire balzac et voir le dernier chabrol. s'atteler par goût à de menues tâches historiques. et rompre la monotonie des jours par quelques conjectures électorales... l'année 2008 ne sera pas blanche pour les assesseurs vosgiens. comme ailleurs, les élections municipales concentreront l'attention citoyenne, à saint-dié en particulier. les mauvais résultats de christian pierret aux législatives y ont en effet lâché la bonde aux ambitions. plus décisives nous apparaissent cependant les cantonales. on se souvient que le dernier renouvellement du conseil général, en 2004, avait donné lieu à une offensive un peu brouillonne de christian pierret contre la citadelle poncelet. pas un cheveu du président du sénat ne s'en était trouvé dérangé, sauf peut-être dans le canton du thillot, où son protégé dominique peduzzi avait mordu la poussière. l'année prochaine, les regards se braqueront sur le canton de remiremont, dont christian poncelet est l'élu depuis 1963 sans discontinuer. après 45 ans de mandat, dont 32 comme président du conseil général, l'artiste entendra-t-il l'appel des coulisses? rien n'est moins sûr. christian poncelet est aujourd'hui le plus "capé" des parlementaires, puisque son premier mandat national remonte à 1962, date à laquelle il entrait au palais-bourbon. si dieu le veut, il exercera son mandat de sénateur jusqu'à 2014, année de ses 86 ans. sans sombrer dans le jeunisme, on pourrait rappeler qu'une proposition de loi fut formulée jadis, qui visait à fixer à 70 ans l'âge maximal de tout candidat au parlement. l'abbé hervé laudrin (dernier ecclésiastique à siéger à l'assemblée), françois grussenmeyer et françois missoffe (le père de mme de panafieu) la déposèrent sur le bureau de l'assemblée le 5 novembre 1970 ! je pense pour ma part qu'un texte précisant que tout titulaire de mandat serait présumé démissionnaire à l'âge de 80 ans ne nuirait pas à l'exercice du suffrage universel. les évêques quittent leur charge d'âmes à 75 ans... quelle que soit la décision d'un homme qui fit beaucoup pour les vosges, par des voies également rectilignes ou tortueuses, il devrait y avoir du sport à remiremont en 2008. une candidature du député françois vannson, brouillé avec poncelet, n'est pas à exclure : le parlementaire, autrefois thillotin, réside désormais dans la cité des chanoinesses. on voit d'ici le tableau : un duel non fratricide, mais patricide ou infanticide, c'est selon. les socialistes se savent mal placés dans ce secteur, où leur dernier succès remonte à la libération, avec le directeur d'école maurice poirot, conseiller général de 1945 à 1951. qui présenteront-ils? la conseillère régionale et maire de raon-aux-bois jacqueline bédez-stouvenel apparaît handicapée par la médiocrité de son résultat législatif. il serait sage que christian poncelet renonce à briguer un nouveau mandat à 80 ans révolus. qu'il se rappelle jean vilmain, déboulonné de la présidence du conseil général à 76 ans pour cause d'échec à rambervillers, après 31 ans de mandat... l'ennui est que christian poncelet n'a pas vraiment préparé sa succession. le député jean-jacques gauthier, député de la "plaine" et conseiller général de vittel depuis avril 2007, connaît encore mal les travées départementales. raymond dégémard (châtel-sur-moselle) ou michel langlois (bruyères) ne seraient que des papes de transition : pas sûr qu'ils en aient envie. quant à philippe faivre, il s'est fâché avec christian poncelet en se portant candidat aux sénatoriales de 2004. on en vient à envisager un succès possible de jackie pierre (xertigny), sénateur depuis 2004 et conseiller général depuis 1985. c'est peu dire que cette perspective n'enchante guère les journalistes, qui jugent l'homme sous-dimensionné pour cette fonction. la règle pourrait néanmoins jouer en sa faveur, qui veut qu'en politique le meilleur des amateurs ne vale pas le plus mauvais des professionnels. affaire à suivre... 6 commentaires lundi, juillet 30 2007 la prolifération presque tranquille par david valence le lundi, juillet 30 2007, 15:31 politique étrangère valeurs il est improbable qu'une huile du nucléaire échoue jamais en ces lieux. si une rencontre survenait entre mes mots et un marchand d'atome, elle l'emporterait dans l'incongru sur la machine à coudre, le parapluie et la table de dissection. le cas échéant, il pourrait lire dans les lignes qui suivent l'état d'une indignation. le président sarkozy clamait, dans sa campagne, son désir de rompre avec une politique étrangère du gros chèque et des grosses compromissions. qu'a-t-on vu dans l'affaire des infirmières bulgares il y a peu? un marché contestable conclu sous l'auvent d'une bonne action. du classique. a la chirac pourrait-on dire, s'il ne fallait reconnaître au sarkozysme débutant une maestria que rien n'émousse. sous chirac? on reculait par lâcheté et par manque de confiance en la france, pour mieux signer (pensait-on) de jolis contrats. sous sarkozy? on avance dans la lumière, bravache, jouant de la starisation -l'épisode cécilia comme poudre aux yeux- pour mieux ménager en coulisses les intérêts industriels, dussent-ils l'emporter sur tout le reste (préoccupations stratégiques ou écologiques). ainsi donc, la france aura profité de la condamnation à mort inique de ressortissantes de l'union européenne pour glisser en cyrénaïque et en tripolitaine le nez retroussé d'anne lauvergeon. notre pays, dans cette affaire, a irrité l'europe en tirant la couverture à lui, quand les négociations étaient conduites ensemble par les 25, puis les 27, depuis 2 ans. la france a surtout accordé une prime au terrorisme : kadhafi se dira simplement à l'avenir qu'il est plus efficace de faire des otages légaux que d'assassiner des citoyens (lockerbie). morale, où est ta victoire? soyons sérieux : la france a pris la responsabilité historique de donner les clefs du nucléaire civil à un état quasi-terroriste. les choses ont changé depuis les années 1980, c'est vrai, mais pas pour les libyens. je veux bien qu'entre nucléaire civil et nucléaire militaire, il existe une marge. je veux bien que les futures installations nucléaires de libye soient contrôlées par areva, et non par kadhafi directement ou par intermédiaires. mais était-il bien nécessaire de vendre une technologie, et surtout, à terme, des déchets dangereux, à un pays riche en énergies fossiles (pétrole, ...) et renouvelables (éolien, solaire)? non, m. le président de la république, la libye n'a pas besoin du nucléaire pour se développer, mais de libertés politiques. il semble que les allemands, par la voix de leur ministre de l'environnement, aient fait connaître leur désaccord avec ce projet d'exportation du nucléaire civil en iran. depuis 20 ans, le géant d'outre-rhin agit au contraire de notre cynisme en matière de relations internationales : en est-il affaibli dans le monde? m. sarkozy n'a pas remporté une victoire diplomatique. il a saisi l'imminence d'un succès européen et l'a mise à profit pour céder aux lobbies. le "coucou sarkozy", en somme. notre président de la république voulait rompre, mais s'est contenté de changer la manière, plus habile sous les caméras. la dure loi du genre, et des années, décillera les yeux sur cette affaire de libération des infirmières bulgares. rappelant qu'en matière de politique étrangère, l'ambition dont on n'a pas le talent est un crime. 2 commentaires samedi, juillet 21 2007 beau comme un naufrage par david valence le samedi, juillet 21 2007, 17:52 2007, année électorale pour un centre utile un de mes camarades de l'udf, depuis égaré au modem, affirmait souvent qu'il était deux façons de faire de la politique : militer pour la beauté du geste ou des idées ; militer pour se présenter, un jour, aux électeurs. qu'il ait choisi la seconde, c'est une autre histoire... mais un brin d'auto-analyse me conduit à penser que la définition péche par étroitesse. on peut également militer en esthète, par plaisir d'entrer dans une arène où le discours et les actes se confondent souvent. aux heures les plus noires de mon engagement en politique, le plaisir esthétique trouvé là m'a retenu de couper court. ainsi de la campagne présidentielle de françois bayrou. défendu sur ce blog jusqu'au 22 avril, le député du béarn n'a cessé depuis lors d'agacer le bon sens et de s'isoler. etait-ce si imprévisible? il est temps de dire que notre campagne reposait sur une hypothèse, et une seule : la victoire. une victoire qui eût défié l'histoire de notre pays, stupéfait l'europe, dérouté chacun. les militants de l'udf, sur les marchés et les routes de france, portaient en bandoulière un fusil à un coup. nous faisions comme s'il suffisait de savoir tirer pour l'emporter, mais d'autres étaient plus habiles que nous. l'esquif sembla un temps prendre le bon vent. on parlait de triomphe à la barbe des deux grands. on rosissait en pensant aux cabinets ministériels qui nous accueilleraient, aux cartes de visite. quelle fierté, aussi, de se dire alors : "nous avons eu raison contre tout le monde". c'est de cet opium-là que les modemistes vont avoir à se sevrer. le 22 avril, le sort en fut jeté. les français ont préféré nicolas sarkozy, passez muscade. a maintes reprises entre janvier et avril 2007, j'essayai de me convaincre que le pari bayrouiste touchait juste. mes amis sont témoins qu'une autre voix me soufflait des réflexions moins amènes sur l'amateurisme de certains, le boy-scoutisme de beaucoup, le sectarisme de quelqu'une. aujourd'hui, rien ne bouge. le nouveau centre balbutie, le modem est encore l'udf. chacun regagne sa vie en regrettant la griserie des campagnes : petits matins près du métro, camaraderie sans façon aucune... je suis resté à l'udf jusqu'à aujourd'hui : on ne m'a ni suspendu ni exclu. pourquoi avoir surmonté mes doutes pendant la campagne de françois bayrou? la question revient comme un boomerang. c'est ici que le "militantisme de l'esthète" refait surface. lorsque tout est consommé, il demeure. il me coûte beaucoup de l'avouer, mais la part d'amer plaisir n'était pas mince dans ma décision de croire en la réthorique bayrouiste. pour me faire comprendre, je renverrai les curieux à une nouvelle de robert louis stevenson : "les gais lurons". titre trompeur! un homme y trouve un plaisir atroce à regarder, depuis son île, sombrer les navires dans un océan d'encre, et glacé. il en perd la raison... le reste, vous le lirez peut-être. aujourd'hui, le ressac ramène chaque jour un débris de l'esquif centriste : ouverture, réforme des institutions, ... dirai-je que je regrette parfois d'avoir eu raison? 9 commentaires vendredi, juillet 13 2007 epinal et lampedusa par david valence le vendredi, juillet 13 2007, 08:12 histoire politique vosges le président sarkozy aime les symboles, c'est entendu. sa dilection pour les "signes" larmoyants -la lettre de guy môquet- ou sacrificiels -le plateau des glières- dit beaucoup de la hiérarchie contemporaine des valeurs. ce qui émeut aujourd'hui, ce qui fait vibrer l'âme, c'est la victime de 17 ans qui écrit à sa mère avec les mots de l'enfance ; ou l'héroïsme trop sublime pour être victorieux du réduit, de la phalange résistant aux divisions ennemies. on pourrait préférer une lettre de mandel ou de brossolette à celle de guy môquet ; un hommage à la 1ere d.b. plutôt qu'aux hommes des glières. n'importe! l'essentiel était peut-être, dans les deux cas, de choisir des artefacts "médiatisables" : l'adolescent fusillé, le plateau isolé et désolé. on en reparlera. dans un autre registre, nicolas sarkozy a souhaité établir hier une continuité symbolique entre l'homme du 18 juin et sa personne. le choix d'epinal pour un discours sur les institutions apparaît judicieux. bayeux eût été trop ambitieux, de gaulle y ayant présenté un véritable projet institutionnel, le 16 juin 1946. epinal, le 29 septembre 1946, évoquait moins de choses au pékin moyen, ce qui permettait à sarkozy de pousser discrètement à la comparaison sans indigner personne. les fâcheux remarqueront cependant que de gaulle avait quitté le pouvoir depuis 8 mois lorsqu'il exprima dans les vosges, quand sarkozy vient à peine de dérober le feu sacré. en outre, de gaulle avait alors pour adversaire le "régime des partis", soit la constitution que les français devaient pourtant adopter, de guerre lasse et à une faible majorité, quelques jours plus tard. nicolas sarkozy, dont la pensée s'articule toujours autour du balancement ami/ennemi, n'a pas manqué de reprendre les philippiques gaulliennes contre le "régime d'assemblée". gageons que les applaudissements spinaliens furent moins nourris à cette évocation hier qu'autrefois : ces attaques sonnent creux en 2007. l'idée que les français se font de la république n'est plus marquée par l'hypothèque parlementaire. et nul ne songe à revenir aux errements de la ive république. qu'a annoncé le président de la république dans son discours? rien de bien neuf. il a joué sur des scies musicales de sa campagne passée : "un etat impartial", une "république irréprochable", se contentant d'en donner des exemples timides. de propos de haute volée sur ses vues institutionneles, point. le débat entre régime parlementaire et présidentiel est-il définitivement tranché? sauf à considérer que l'élection présidentielle constituait un référendum déguisé sur la taille du costume présidentiel, on répondra par la négative. l'ennui, c'est que le président sarkozy donne pour beaucoup dans le cosmétique, même quand il s'agit d'entrer dans les détails. l'intendance de la réforme institutionnelle sera, nous dit-on, confiée à une commission de spécialistes, présidée par edouard balladur. la probable participation de jean-louis bourlanges nous est un motif de satisfaction. mais c'est le seul. la procédure choisie évoque ces "comités de sages" dont l'époque est friande, comme pour la loi sur la laïcité : la formule ne m'apparaît pas satisfaisante en l'espèce. pourquoi ne pas avoir réservé le soin de réformer la constitution à la commission des lois du palais-bourbon, quitte à lui adjoindre un comité d'experts? pourquoi avoir réservé au président de la république le soin de choisir les membres du comité ad hoc? pourquoi cette option en faveur de la "technicité" de la réforme, sinon pour éviter un réel dialogue avec l'opposition en tant que force organisée? en 1958, la fusée constitutionnelle avait trois étages : un groupe d'experts, essentiellement issus du conseil d'etat, et présidé par le garde des sceaux michel debré, devait "mettre en musique" les choix exprimés par un comité interministériel ; au sein de ce dernier figuraient notamment trois ministres d'etat, issus de formations non "gaullistes" (guy mollet pour la sfio, pierre pflimlin pour le mrp, louis jacquinot pour les indépendants). enfin, le projet était amendé par un comité consultatif constitutionnel présidé par paul reynaud et composé essentiellement de parlementaires. il ne s'agit cette fois que de réformer : on aurait certes pu supprimer un étage de la fusée, et imaginer un comité "politique" de la réforme des institutions (soit la commission des lois, soit un groupe composé des principaux leaders des formations politiques), secondé par un groupe d'experts et de sages. la solution retenue a pour inconvénient d'évacuer pour partie l'aspect politique de la réforme. sur le fond, les interrogations sur la feuille de route institutionnelle subsistent, que le propos présidentiel a éludées. les nominations à la tête d'entreprises publiques, d'organismes indépendants ou de directions de l'administration centrale? elles pourront être soumises à l'examen des commissions qualifiées du parlement, sans que l'idée d'un veto des intéressées soit désormais évoquée. c'est pourtant le prix à payer pour dissiper les soupçons de copinage. ll faudrait peut-être même aller plus loin. qu'est-ce qu'un régime présidentiel? c'est un système dans lequel la séparation des pouvoirs est "rigide" et où les possibilités de dialogue entre exécutif et législatif sont très encadrées. si nicolas sarkozy veut disposer des mêmes pouvoirs qu'un george bush, nous disons : chiche! mais que les ministres, une fois nommés, puissent être entendus par les commissions parlementaires compétentes pour être confirmés. je rappelle que c'est cette procédure d'avis qui a été retenue pour la nomination des membres de la commission européenne. en l'espèce, il serait superflu de donner aux commissions parlementaires une faculté suspensive, la contrainte de l'opinion publique, plus forte qu'en matière d'entreprises publiques, interdisant de maintenir en poste un ministre rejeté par une commission parlementaire (voir l'affaire buttiglione). l'encadrement de cette procédure d'audition devrait être stricte, mais elle représenterait une réelle avancée et une forme de rééquilibrage des pouvoirs républicains. est-ce bien le chemin sur lequel nous engage nicolas sarkozy? que le président puisse s'exprimer une fois par an devant l'assemblée ou le sénat, voire plus, soit. mais il conviendrait dans ce cas de restreindre le droit de dissolution. pour une raison simple : si le chef unique (de facto) de l'exécutif n'est pas responsable devant le parlement, il serait paradoxal de maintenir une manière de responsabilité de l'assemblée nationale devant l'elysée! le chef de l'etat est aujourd'hui contraint, avant d'user de la dissolution, de consulter les présidents des deux assemblées. pour rétablir un juste rapport des forces, il serait bon d'accorder au président du sénat, au président du conseil constitutionnel ou au vice-président du conseil d'etat, un droit de veto quant à l'usage de la dissolution, réservé aux crises très graves. est-ce bien le chemin sur lequel nous engage nicolas sarkozy? on ne reviendra pas sur l'interdiction du cumul des mandats à l'assemblée nationale, condition indispensable de la revalorisation du parlement. est-ce bien cependant le chemin sur lequel nous engage nicolas sarkozy? sans même évoquer la question de la maîtrise de l'ordre du jour, les discussions au sein du "comité des sages" risquent d'achopper sur une question de loi électorale. le président sarkozy n'évoque plus la proportionnelle que pour le sénat désormais, comme s'il ignorait que ce mode de scrutin, au suffrage universel indirect certes, prévaut déjà pour les départements comptant plus de 3 sénateurs. or, la question reste posée, d'abord, de la constitutionnalité d'une réforme qui créerait un double mode d'élection pour les membres d'une même assemblée. s'il s'agit du sénat, l'interrogation pourrait prendre un tour périlleux : comment concevoir que cohabitent, dans un hémicycle, des hommes élus au suffrage universel direct (soit à la proportionnelle, selon les projets sarkozyens) et une majorité désignée par de grands électeurs? ce serait ubuesque. la vraie réforme consisterait à introduire une dose de proportionnelle à l'assemblée (environ 1/3 des députés). cette décision conduirait à accélérer le redécoupage des circonscriptions. 2/3 des députés seraient désormais élus au scrutin majoritaire d'arrondissement à un tour, pour dégager des majorités stables et éviter aux français d'avoir à revoter, tandis qu'un tiers serait désigné au scrutin de liste proportionnel à un tour, dans le cadre régional et non départemental. est-ce bien le chemin sur lequel nous engage nicolas sarkozy? quid d'une réforme du conseil constitutionnel? le sujet n'a pas même été abordé par le président de la république! quid de l'encadrement, voire de la suppression de l'article 49 alinéa 3 de la constitution? les français espèrent une grande réforme des institutions, qui préserve l'essentiel de la ve république (la préminence présidentielle et la stabilité gouvernementale) en limitant les risques de sur-concentration des pouvoirs. a l'heure actuelle, disons-le tout net : le compte n'y est pas. a epinal, nicolas sarkozy a déçu, semblant entonner un air bien connu, sur des paroles de lampedusa -l'auteur du "guépard"- : "il faut que tout change pour que rien ne change". 4 commentaires lundi, juillet 9 2007 retour de flamme par david valence le lundi, juillet 9 2007, 21:50 pour un centre utile a la fois heureux et contraint de dédaigner l’événement, j’ai cru échapper pour quelques jours à la politique. le flux et le reflux des passions suivent en la matière une logique implacable : après l’excès d’aliments du printemps, où chaque heure amenait son information ou sa conversation politiques, le jeûne volontaire des mois à venir. j’entends déjà ici certains camarades me dire leur souci de prendre du champ, de mener leur carrière et d’assurer leurs arrières avant de s’immerger à nouveau dans le grand bain. parions même que le nombre des naissances augmentera en mars ou avril 2008, qui traduira le retour à des flammes moins collectives mais tout aussi délicieuses. ce qui est vrai de beaucoup, je viens d’en faire l’expérience, ne se vérifie pas pour moi. encarté depuis l’âge de seize ans, je devrais me moquer de ce mirage de détachement qui resurgit, chaque fois plus séduisant, derrière le scrutin. dans le loisir connu ces derniers temps, la politique m’aura abandonné trois jours –comme un alcoolique dit du vin qu’il le boude-. trois jours sans radio allumée, sans encre au bout des doigts après la lecture de libé, sans hypothèse échafaudée en privé sur la stratégie de tel ou tel. et puis, de manière subreptice, vous réclamez des journaux à vos proches, vous contraignant d’abord en n’en pas lire les pages de toujours pour vous les plus brûlantes… avant de céder lamentablement. une drogue. un kif, pour plagier anaïs nin. en l’espèce, j’ai été assez vite récompensé de mon intempérance par une information réconfortante. depuis l’examen du projet de loi instituant un bouclier fiscal par la commission des finances de l’assemblée nationale, nul ne peut ignorer l’utilité des députés du nouveau centre. a cette occasion, charles de courson, député de la marne et inspecteur des finances en disponibilité, a pu faire adopter un amendement excluant dudit bouclier la csg et le crds, au nom de la rigueur budgétaire et de la solidarité nationale. sous le voile du vote, on distingue certes l’union des contraires, qui vit les élus les plus libéraux, partisans d’une franche suppression de l’isf, mêler leurs voix aux socialistes, anges redistributeurs, et à courson le budgétaire sourcilleux. l’amendement en question a peu de chances d’être adopté dans l’hémicycle, car le président du groupe ump, en redoutable garde-chiourme, croit avoir sifflé la fin de la récréation. loin de moi donc l’idée de confondre la flibuste parlementaire avec l’influence. mais l’opinion informée sait désormais –françois sauvadet l’avait annoncé après le discours d’investiture de françois fillon- que les députés du nouveau centre resteront fidèles aux convictions exprimées lors de la précédente législature : souci de réduire la dette, d’assurer une meilleure représentation de la société française au parlement, de construire une république où les présidences de grands groupes publics ou d’organismes qualifiés cessent d’être vues comme autant de fromages à partager entre soi. qui entendra françois bayrou, orateur pourtant remarquable en ces lieux, au parlement ? au palais bourbon, il ne suffit pas de parler pour être entendu, contrairement aux affirmations du député des pyrénées atlantiques. il n’est pas inutile, il est même indispensable, pour que la voix y porte, de la faire émerger d’un groupe. le président du modem se rêve désormais en tribun de la plèbe, isolé et magnifique parmi les brebis bêlantes. mais à parler pour trois parmi 574 autres, on finit par s’égosiller, se fatiguer. un exemple : les électeurs du modem sont-ils certains qu’un de leurs trois députés assistera à la discussion de la loi dati sur les multirécidivistes ? les contraintes d’emploi du temps se conjugueront pour rendre jean lassalle, thierry benoît et françois bayrou inaudibles demain à l’assemblée. et les lumières de s’éteindre peut-être pour le plus beau don quichotte de l’histoire politique récente... 8 commentaires dimanche, juillet 1 2007 silence pour quelques jours par david valence le dimanche, juillet 1 2007, 11:33 jusqu'au 9 juillet, je resterai silencieux, pour toutes raisons personnelles et de santé. le blog continue, bien sûr. rendez-vous dans quelques jours! aucun commentaire mardi, juin 26 2007 la france de l'est dans l'imaginaire national par david valence le mardi, juin 26 2007, 16:13 canton de bruyères région lorraine vallée de la moselle vosges lundi 11 juin 2007, j’ai vu arriver le tgv en gare d’epinal, et y ai pris place. qu’on me pardonne de parler de moi, mais voilà huit ans déjà que je suis un familier de la liaison paris-epinal dans les deux sens. huit ans à effectuer ce trajet de 3h45. encore faudrait-il y ajouter le temps mis pour rejoindre la gare de l’est depuis mon domicile (10 minutes avant un déménagement courant février, 30 minutes depuis), et le trajet séparant epinal de ma thébaïde vosgienne (soit 15-20 minutes). on comprend que l’aller-retour dans une journée, même en cas de circonstances dramatiques, me soit demeuré inenvisageable jusqu’à ce jour. inutile que nous songions ensemble aux heures gagnées, si la grande vitesse avait gagné l’est en même temps que les littoraux... au reste, j’avoue que mon tempérament s’accommode mal des déplacements rapides, et répugne à passer d’un espace urbain à un milieu montagnard en trop peu de temps. qui dira le charme de ces derniers trains avant l’extinction des feux, départ de nancy à 20h34, qui nous valaient des arrêts fréquents dans de petites gares éclairées d’orange, à toul, commercy, bar-le-duc, vitry-le-françois, epernay, voire château-thierry ? chacun avait ses points de repère sur les trajets, ses paysages fétiches. j’évoquerai pour ma part la cuesta meusienne et son absence de réseau téléphonique, ainsi que liverdun et son double visage si français : l’éperon rocheux qui abrite les prières et les drapeaux ; la ville basse industrieuse. las! le tgv évite désormais ces charmes-là. la pente affective m’a mené assez loin de mon propos de départ : pourquoi le tgv est est-il le dernier né des projets de ligne à grande vitesse ? pourquoi a-t-on jugé plus urgent de faire circuler des tgv vers l’ouest, le nord et le sud ? ecartons d’abord le prétexte technique. je sais bien qu’il est, de paris à strasbourg, des obstacles naturels, des contreforts des vosges à la montagne de reims. chacun sait pourtant que la volonté fait des miracles, et que nous disposions déjà en 1997 de techniques permettant de rapprocher l’est de paris par le rail (tgv pendulaire). l’identification d’un obstacle politique est apparemment plus utile. le trop-plein d’élus de poids, désireux que le tgv arrive dans « leur Â» ville, plutôt que chez le voisin, a peut-être nui au pilotage du projet, ou du moins à la qualité des arbitrages. les anciens (et l'actuel) ministres chevènement (belfort), trautmann (strasbourg), bockel (mulhouse), rossinot (nancy), rausch (metz), longuet (bar-le-duc), les présidents séguin (député d’epinal jusqu’en 2002) et poncelet ont souvent cherché à tirer la couverture à eux sans souci de concertation : beaucoup d’entre eux prennent d’ailleurs l’avion pour rejoindre leurs terres d’élection. la principale raison du « retard Â» vivement ressenti par les français de l’est, me semble plus irrationnelle. malgré une fréquentation très correcte, les lignes de l’est de la france n’apparaissaient pas « porteuses Â» aux yeux de la sncf et des décideurs nationaux. question d’image. la france de l’est a pu fasciner, en des temps où les marches orientales tenaient lieu de rivage des syrtes avant la lettre. les vosges en particulier, que chacun croit découvrir en lisant barrès. las ! le carpinien n’aimait pas sa terre natale. et je me suis laissé dire que julien gracq haïssait le relief si particulier du plateau lorrain, raison pour laquelle « un balcon en forêt Â» se situe dans les ardennes. evidemment, depuis la paix, tout effet de fascination a disparu : l’imaginaire national ne retenait plus de l’est que des villes de garnison grises (metz, epinal), des hauts-fourneaux sinistres (la moselle), des idiomes germanisants (moselle, alsace), une humidité intrusive et un froid perçant (les vosges), sans parler du caractère besogneux et réfrigérant des populations. n’en jetez plus ! les poncifs ont la peau dure : je me tue à expliquer à certains amis que la lorraine fut longtemps une des régions les plus riches de france. et que la douceur alsacienne n’a rien à envier à celle de l’anjou, rimée par du bellay. aux séductions faciles d’un sud mythifié, à la fraîcheur supposée d’un océan autrefois ignoré (braudel), le charme âpre des vosges a peu à "répliquer". nous ne voulons pas opposer telle ou telle partie du territoire, mais convaincre que l’imaginaire national devrait récupérer la france de l’est sous une forme plus rieuse. terres de patriotes (poincaré, louis marin) et de grands européens (pierre pflimlin, robert schuman), la france de l’est est aussi celle des vignes touloises, des lacs vosgiens, de l’aérien gothique rhénan. prions pour le tgv est dynamite les lieux communs qui désobligent ! 13 commentaires jeudi, juin 21 2007 les libéraux-démocrates entre impuissance et influence par david valence le jeudi, juin 21 2007, 14:15 politique étrangère pour un centre utile nicolas sarkozy n'a pas le privilège de l'ouverture, qui a souhaité inclure de nouvelles personnalités de gauche dans le gouvernement fillon ii. en grande-bretagne, le chancelier de l'echiquier gordon brown envisage de marquer sa prochaine accession au poste de chef de gouvernement en intégrant certains élus libéraux-démocrates dans son équipe. rappelons d'abord que lors des dernières élections générales, le parti de charles kennedy avait rassemblé plus de 20% des suffrages exprimés en grande-bretagne. depuis, le roux le plus populaire du royaume-uni, convaincu d'alcoolisme, a été contraint de démissionner. sir menzies campbell, un autre ecossais -comme gordon brown- lui a succédé. rappelons encore que les libéraux-démocrates n'ont plus dirigé le gouvernement britannique depuis 1919, et n'exercent que rarement des responsabilités ministérielles. ce qui signifie certes pas que leurs élus soient inutiles, compte tenu du rôle du parlement dans la vie publique, à londres. l'identité de cette formation est assez complexe pour un esprit français : positions très "ouvertes" en matière de libertés privées et publiques, europhilie inhabituelle outre-manche, libéralisme économique parfois mâtiné, exigences électorales obligent, d'accents très sociaux. globalement, les libéraux-démocrates se distinguent par leur opportunisme en matière d'idées, conjugué à un jusqu'au boutisme stratégique qui leur fait souvent repousser les offres de leurs grands voisins conservateur et travailliste. toute ressemblance avec l'évolution que connaît actuellement une certaine formation politique serait fortuite... or, il semble que gordon brown souhaite élargir sa majorité en faisant entrer au gouvernement des hommes comme lord carlile (possible ministre de la justice, ou plutôt attorney general), lord lester, lord ashdown, le prédécesseur de charles kennedy à la tête des libéraux démocrates. ajoutons que lord ashdown avait poursuivi des négociations avec tony blair lors de la première victoire travailliste, en 1997, sans résultat. les discussions actuelles pourraient s'avèrer plus fructueuses. au moment où -malgré les dénégations de lord campbell menzies-, la question se pose en grande-bretagne d'un ouverture qui permette de mieux gouverner encore, dans un esprit de rassemblement, le modem devrait faire preuve de circonspection, avant de s'engager sur la voie d'un centro-centrisme puriste et sans retour. 11 commentaires mardi, juin 19 2007 dernière minute : jean-christophe lagarde rejoint le nouveau centre par david valence le mardi, juin 19 2007, 16:22 pour un centre utile le groupe parlementaire du nouveau centre comptera donc 22 élus. dans mon billet sur "la pluralité des centres", je m'étais refusé à considérer jean-christophe lagarde comme membre du modem... 7 commentaires la composition du gouvernement fillon ii, et quelques brefs commentaires par david valence le mardi, juin 19 2007, 15:50 gouvernement fillon pour un centre utile le secrétaire général de l’elysée, claude guéant, a annoncé, le 19 juin, la composition du nouveau gouvernement de françois fillon. ce gouvernement compte quinze ministres, seize secrétaires d’etat et un haut commissaire : jean-louis borloo : ministre d’etat, ministre de l’ecologie, du développement et de l’aménagement durables michèle alliot-marie : ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales bernard kouchner : ministre des affaires étrangères et européennes christine lagarde : ministre de l’economie, des finances et de l’emploi brice hortefeux : ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement rachida dati : garde des sceaux, ministre de la justice michel barnier : ministre de l’agriculture et de la pêche xavier bertrand : ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité xavier darcos : ministre de l’education nationale valérie pécresse : ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche hervé morin : ministre de la défense roselyne bachelot-narquin : ministre de la santé, de la jeunesse et des sports christine boutin : ministre du logement et de la ville christine albanel : ministre de la culture et de la communication eric woerth : ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique roger karoutchi : secrétaire d’etat auprès du premier ministre, chargé des relations avec le parlement jean-pierre jouyet : secrétaire d’etat auprès du ministre des affaires étrangères et européennes, chargé des affaires européennes laurent wauquiez : secrétaire d’etat auprès du premier ministre, porte-parole du gouvernement eric besson : secrétaire d’etat auprès du premier ministre, chargé de la prospective et de l’evaluation des politiques publiques valérie létard : secrétaire d’etat auprès du ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité, chargée de la solidarité dominique bussereau : secrétaire d’etat auprès du ministre d’etat, ministre de l’ecologie, du développement et de l’aménagement durables, chargé des transports nathalie kosciusko-morizet : secrétaire d’etat auprès du ministre d’etat, ministre de l’ecologie, du développement et de l’aménagement durables, chargée de l’ecologie christian estrosi : secrétaire d’etat auprès de la ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales, chargé de l’outre-mer andré santini : secrétaire d’etat auprès du ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, chargé de la fonction publique jean-marie bockel : secrétaire d’etat auprès du ministre des affaires étrangères et européennes, chargé de la coopération et de la francophonie hervé novelli : secrétaire d’etat auprès de la ministre de l’economie, des finances et de l’emploi, chargé des entreprises et du commerce extérieur fadela amara : secrétaire d’etat auprès de la ministre de la ville et du logement, chargée de la politique de la ville alain marleix : secrétaire d’etat auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants rama yade : secrétaire d’etat auprès du ministre des affaires étrangères et européennes, chargée des affaires étrangères et des droits de l’homme luc chatel : secrétaire d’etat auprès de la ministre de l’economie, des finances et de l’emploi, chargé de la consommation et du tourisme martin hirsch : haut commissaire auprès du premier ministre, aux solidarités actives contre la pauvreté bernard laporte : secrétaire d’etat auprès de la ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, chargé de la jeunesse et des sports (à compter de fin octobre 2007). on peut regretter l'absence de christian blanc ou de maurice leroy. l'ouverture à gauche est plus large qu'au centre, sans doute pour des raisons cosmétiques. mais je me réjouis tout particulièrement de l'entrée de valérie létard au gouvernement. autre défaut de cette équipe : l'absence de secrétaire d'etat aux droits des femmes et à la parité, alors qu'il reste beaucoup à faire pour lutter contre les mauvais traitements privés, ou les inégalités au travail. sur le plan géographique -un peu de clochemerle-, certaines régions sont les "oubliées" du gouvernement : bretagne, midi-pyrénées, languedoc-roussillon, franche-comté, lorraine, basse normandie et corse (enfin, quoique, avec santini et estrosi...). quant à la nomination de bernard laporte, qu'en dire, sinon qu'elle relève du gadget? michel barnier à l'agriculture me semble en revanche une bonne idée sur le papier, compte tenu de la densité de ses réseaux européens. n'oublions pas que la pac sera re-négociée à un horizon très, très prochain... sans rire, remarquons aussi que roselyne bachelot, roger karoutchi et andré santini font désormais contrepoids à boutin-la-pudeur! 5 commentaires samedi, juin 16 2007 prendre parti par david valence le samedi, juin 16 2007, 09:42 valeurs vosges pour emporter l’eau sale de la politique, qui contamine toute pensée depuis plusieurs mois, rien de mieux que la littérature ancienne. a l’aune des mots aigus et brillants, des combats où chacun croit jouer l’avenir de sa cité sur un coup de main, l’esprit retrouve des préoccupations plus hautes peut-être que les résultats législatifs. en l’espèce, mon choix s’est porté sur thucydide, lecture fétiche, dit-on, de françois mitterrand. dès le début de « la guerre du péloponnèse », je me rendis à l’évidence : la passion partisane avait encore frappé. ou plutôt, devais-je y voir une maladie française de l’engagement, qui s’oppose par exemple à un supposé tempérament helvétique ? le fait demeurait : mon cÅ“ur était spartiate, sans que le goût de la victoire finale y soit pour quelque chose une conversation conjugale m’apprit d’ailleurs que le clivage grec recoupait, sous mon toit, le politique : la gauche modérée plaidant pour les athéniens, tandis que j’avouais –en bon électeur de centre-droit- mon goût pour lacédémone. j’y ai réfléchi depuis lors, en partant de cette constatation grossière que le choix de la puissance terrestre plutôt que de l’empire maritime portait un sens précis : des valeurs de conservation obscurément préférées à celles de l’échange, l’ordre spartiate l’emportant secrètement sur la démagogie de cléon en mon cÅ“ur. cette option avait une saveur d’audace, de révolte contre le prêchi-prêcha philo-athénien de notre école républicaine. feuilletant peu après les Å“uvres complètes de maurice barrès aux éditions bouquins, j’y trouvai un texte consacré au « voyage à sparte Â» du carpinien. quelques lignes de la préface suffirent à me faire comprendre que mes sentiments, à la lecture de thucydide, offraient un écho affaibli aux préférences de barrès, lui qui s’ennuya d’athènes, bailla au panthéon, colline pourtant « inspirée », et céda au charme, râpeux comme un cilice, de sparte. dieu merci, mes rencontres avec barrès s’arrêtent là pour l’instant, même si je sais le nationalisme du « rossignol des hécatombes Â» plus inclusif que celui de maurras. et de m’interroger désormais sur cette habitude, contractée dans l’enfance, de combattre en pensée au côté d’un des belligérants, pour mieux saisir la trame du conflit et ses ressorts. le travers ne m’en a jamais quitté. l’année où je préparais l’agrégation d’histoire, je devins donc à la fois pro-séleucide, car l’orient hellénistique figurait alors au programme, et gibelin de cÅ“ur. ma raison politique retrouvait ses droits en histoire moderne, où la gironde exerçait une fascination attendue. ajoutons que, lisant « le rivage des syrtes », j’identifiai le farghestan à une principauté située en asie centrale, idéalement moghole, et pour laquelle je pris d’avance parti, sans savoir que le charme de gracq est tout dans sa manière de craquer l’allumette, en nous épargnant le spectacle de l’incendie. la séleucie, l’empire romain germanique que soutenaient les gibelins en italie, le farghestan : soit le goût des grands états, recouvrant comme un manteau troué mais splendide une vermine d’intérêts. est-il besoin d’associer rome à ces partis pris ? chacun de ces empires, et nous retrouvons ici sparte, se voulait puissance avant tout continentale, même s’il faudrait apporter certaines nuances à la marge. la terre préférée à la mer, l’immobile (ou ce que nos sens perçoivent comme tel) au mouvant, le sillon à la ligne de fuite. on n’échappe pas à ses ancêtres : beaucoup des miens ne virent jamais de rivage autre que fluvial, au pied des vosges. l’infini de l’onde les eût effrayé. un très beau roman d’aharon appelfeld, « l’amour, soudain Â» illustre la nécessité, pour vivre en paix, d’assumer en partie l’imaginaire et l’existence de ses parents. prendre parti sur tout est un travers français ; le goût pour sparte m’est venu en héritage. la terre m’émeut plus spontanément que le flot, mycènes et sa solitude hautaine plus que le cap sounion et la lumière attique. même si, à cette heure, et à dire vrai, on se satisferait fort bien d’un été dans quelque cité de grèce que ce soit… 4 commentaires « billets précédents - page 1 de 4 tags2007, année électorale canton de bruyères canton de remiremont cinéma ecologie gouvernement fillon histoire politique politique étrangère pour un centre utile région lorraine service civil obligatoire sécurité valeurs vallée de la moselle vosges tous les tagsliensparlementaires nouveau centre et radicaux le blog d'hervé morin, ministre de la défense le blog de rudy salles, député (nouveau centre) des alpes maritimes le blog de françois sauvadet, député de la côte d'or et président du groupe psle-nouveau centre à l'assemblée nationale le site de nicolas 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