lecture critique, david zweig, internationalizing china, domestic interests and global linkages

lecture critique, david zweig, internationalizing china, domestic interests and global linkages accueil > perspectives chinoises > dernier numéro paru > liste des articles accessibles sur internet les archives de la revue accessibles sur internet comité de lecture | dernier numéro paru | sommaires | index des articles parus | archives en ligne | appel à contribution | commander lecture critiquedavid zweig, internationalizing china, domestic interests and global linkages jean-luc domenachperspectives chinoises n° 79, septembre - octobre 2003, page n°84 disons-le tout de suite : sur un sujet essentiel, voici un ouvrage exceptionnel, sans doute destiné à figurer pendant longtemps dans les bibliographies sur la chine populaire des années 1980 et 1990. il compte parmi les meilleurs travaux d’économie politique internationale publiés à propos de ce pays : tant il est vrai qu’expliquer son évolution depuis 1979 nécessite la prise en compte des facteurs à la fois économiques et politiques, intérieurs et extérieurs. comme son titre l’indique, ce livre entreprend d’expliquer pourquoi et comment les dirigeants de pékin décidèrent à partir de la fin des années 1970 d’ouvrir leur économie ; et plus encore pourquoi et comment ils furent suivis par leur appareil et par leurs entreprises, ce qui déclencha un processus d’internationalisation auquel l’entrée de la chine à l’organisation mondiale du commerce (omc) a donné plus de force encore. ce qui rend ce livre exemplaire, c’est d’abord la méthode d’enquête adoptée qui combine l’utilisation de toutes les sources : chinoises et étrangères, écrites et orales, officielles et officieuses, centrales et locales. c’est aussi l’approche, qui n’est pas seulement focalisée sur les dirigeants, mais descend dans l’ensemble du système administratif et économique (on trouve dans le livre deux excellentes monographies sur les villes de zhangjiagang et nantong). c’est encore le fait que l’auteur ait eu l’intelligence d’impliquer dans sa recherche le secteur de l’éducation, à terme décisif. c’est enfin le raisonnement choisi qui passe en revue les différentes explications et cherche à les intégrer dans des modèles d’explication qui tiennent compte des nuances et des évolutions. l’explication choisie est qu’après des années de relatif isolement, « les opportunités nées des différences de coût des biens et des services de part et d’autre de la frontière chinoise et les avantages découlant de la facilitation des échanges transnationaux ont suscité une soif de liens globaux en chine » (p. 259). les dirigeants furent poussés à lancer l’ouverture et les fonctionnaires et entrepreneurs à la développer par le fait qu’ils y trouvaient un intérêt qui rejoignait et redoublait celui du pays dans son ensemble. la politique d’ouverture contrôlée des débuts s’est donc ensuite muée en un processus à la fois dirigé et spontané d’internationalisation progressive. ce processus a fait lever de nouvelles oppositions que les dirigeants ne pouvaient pas traiter autrement qu’en confirmant l’évolution et en signant l’entrée de leur pays à l’omc. mettons de côté le dernier point, qui n’est pas central dans le livre et qui appellerait sans doute des analyses plus fines encore (car les dirigeants chinois ont tenu un grand compte de ces oppositions dans l’application de l’accord sur l’omc, qui mériterait une autre étude, et dans leur politique à l’égard des entreprises d’etat). dans l’ensemble, l’explication présentée par david zweig paraît rendre compte astucieusement de la réalité, y compris parce qu’elle éclaire les discordances à la fois temporelles et spatiales de l’évolution. en effet, un facteur clef de l’explication est l’aptitude subjective et objective des bureaucraties locales à se saisir des opportunités. les choix géographiques et sectoriels des autorités ont beaucoup compté, les possibilités de manœuvre des bureaucraties locales aussi. mais le fait essentiel est que, globalement, les dirigeants locaux trouvaient des intérêts de tous ordres, et d’abord matériels, à devenir des rouages de l’ouverture. et que celle-ci a globalement conforté leur autorité, en même temps qu’elle facilitait la mutation de l’appareil bureaucratique en une couche sociale plus vaste et peut-être plus pérenne, sur laquelle le régime chinois s’appuie de plus en plus explicitement. le livre apporte une nuée de détails et d’éléments secondaires dont les chercheurs spécialisés tireront profit : nous avons pour notre part beaucoup apprécié les explications qu’il propose des différentes étapes de l’ouverture. plutôt que de les rapporter dans le menu, il apparaît plus utile de mentionner deux questions plus larges que la lecture de ce livre inspire. la première est celle du ressort profond de l’ouverture chinoise. david zweig nous explique les facteurs qui rendaient possible la stratégie choisie, et l’ampleur des développements qu’elle a littéralement déchaînés. mais justement, les uns et les autres ont permis ou facilité des décisions proprement politiques que seules permettent de comprendre l’expérience traversée par ses dirigeants après 1949 et leur stratégie de maintien au pouvoir : les facteurs de politique intérieure que david zweig met de côté d’emblée n’ont donc pas cessé de jouer eux aussi un rôle décisif, y compris en modifiant par la suite le rythme et l’application de l’ouverture. une autre question, également générale, concerne les effets psychologiques et intellectuels du processus décrit par david zweig. comment interpréter les effets de la trajectoire de l’ouverture à l’internationalisation ? ici encore, l’étude des mutations économiques et institutionnelles pourrait se doubler d’une enquête sur les effets psychologiques, culturels et politiques de l’internationalisation. david zweig nous montre que le système chinois a su découvrir et maximiser l’intérêt des élites à développer l’ouverture : une question forte aujourd’hui est de savoir ce qu’ils ont donné en échange à l’étranger sur le plan des contenus idéologiques et ce qu’ils ont risqué ainsi sur le plan de la cohésion sociale. david zweig n’ignore aucune de ces deux questions, il découvre et développe une clef essentielle de compréhension de l’ouverture chinoise, et c’est beaucoup. mais celle-ci aura seulement modifié —ô combien — un problème non encore résolu : celui de l’orientation politique du régime. accueil | plan du site | contact | présentation du cefc | actualité du centre | les chercheurs | postes et bourses | ressources présentation de perspectives chinoises | comité de lecture | dernier numéro paru | sommaires | index des articles | archives en ligne | appel à contribution | commander your browser does not support script

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