david madore's weblog
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this weblog is bilingual, some entries are in english and others
are in french. a few of them have a version in either language.
other than that, the french entries are not translations of
the english ones or vice versa. of course, if you understand only
english, the english entries ought to be quite understandable without
reading the french ones.
ce weblog est bilingue, certaines entrées sont en
anglais et d'autres sont en français. quelques-unes ont une version
dans chaque langue. À part ça, les entrées en français ne
sont pas des traductions de celles en anglais ou vice versa.
bien sûr, si vous ne comprenez que le français, les entrées en
français devraient être assez compréhensibles sans lire celles en
anglais.
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what follows are the entries of 2006-03. for latest entries, see here. ce qui suit sont les entrées de 2006-03. pour les dernières entrées, voyez ici.
2006-03-31 (vendredi)
fa-ti-gué
c'est en train de devenir une règle : je ne profite pas du tout de
mes week-ends, parce que je n'y fais que rattraper le sommeil perdu
pendant la semaine.
mais bon, demain j'organise un important colloque (j'en ai déjà dit un mot), alors il faut vraiment
que je me couche tôt, là.
commentaires
2006-03-29 (mercredi)
mémoire auditive, japonais, récitation
j'ai une mémoire essentiellement auditive, au moins par opposition
à visuelle (je ne parle pas de mémoire conceptuelle ou procédurale).
sans avoir fait des statistiques sérieuses, j'ai l'impression que
c'est relativement rare : la plupart des gens me disent, quand ils
retiennent un texte par cœur, qu'ils « voient » mentalement le
texte écrit, alors que moi, indiscutablement, je l'« entends ».
d'autres signes sont également clairs : si on me montre brièvement un
arrangement de sept signes géométriques simples (dans le genre carré /
rond / triangle / croix), je ne suis pas capable de les reproduire,
alors que si on prononce sept syllabes dénuées de sens, je peux sans
difficulté les répéter. (je me tiens à sept, parce que c'est
généralement admis comme le nombre le plus commun de cases de stockage
pour ce genre de mémoire à court terme, et d'ailleurs peut-être lié à
des raisons dans la structure du cortex.) autre exemple : je connais
une cinquantaine de décimales du nombre π (normalement je n'ai pas
trop « la mémoire des chiffres », là je les ai apprises quand j'étais
petit et jamais oubliées depuis), mais je les retiens comme une
contine : trois virgule un quatre un cinq neuf deux six cinq trois
cinq, etc., et je serais incapable de prononcer les chiffres groupés
diffémment (comme : trois virgule quatorze quinze quatre-vingt-douze
soixante-cinq trente-cinq, etc.) ou dans une autre langue (comme :
three point one four one five nine two six five
three five), alors que quelqu'un qui « verrait » les chiffres
défiler pourrait plus facilement les lire dans une autre langue.
accessoirement, il m'est deux fois plus difficile de retenir un zéro
qu'un autre chiffre, pour la raison totalement idiote qu'en français
le mot « zéro » a deux syllabes !
la chose est assez frappante comme en ce moment (depuis
trois-quatre semaines) j'essaie d'apprendre le japonais avec la
méthode assimil (dont le
principe, qui me semble globalement très bon, est : commencez par
écouter, répéter, lire et comprendre, ne cherchez pas spécialement à
apprendre le vocabulaire, essayez juste de vous familiariser avec le
texte jusqu'à ce qu'il vous semble naturel, puis passez à la leçon
suivante) : la compréhension à l'écoute me vient vite, je retiens
énormément de bouts de phrase ou de phrases entières[#], alors que l'écriture me reste
décidément opaque (je me suis forcé à apprendre à lire au moins tous
les kanas — ce qui ne veut pas dire que je ne mets pas un temps
considérable à en reconnaître certains — mais je ne sais même
pas les retracer, et pas non plus les kanjis sauf un ou deux). il
faut dire que, là, la méthode incite à la paresse parce qu'elle
transcrit systématiquement tout en rōmaji (hepburn) : du coup,
je retape les textes sur mon ordinateur pour pouvoir le relire ensuite
en écriture japonaise (mais avec ruby[#2]).
une conséquence de ma mémoire auditive, c'est que je connais pas
mal de textes par cœur. je veux dire : je ne suis pas du tout
du genre à retenir des tables de capitales des pays du monde (quelle
est la capitale du bhoutan ? timphou — etc.). en
revanche, des pages célèbres, des discours, des poèmes, des chansons,
oui, tout à fait. enfin, au total, pas énormément (sans doute moins
qu'un acteur qui apprendrait par cœur les répliques d'une seule
pièce), mais des textes extrêmement éclectiques. souvent je
n'ai même pas fait d'effort particulier pour apprendre (un jour par
exemple je me suis rendu compte que je connaissais les quatre premiers
paragraphes de la déclaration
d'indépendance des États-unis alors que je n'avais pas
spécialement voulu, je m'étais contenté de la lire attentivement et
d'en apprécier la construction). et j'ai aussi tendance à ne pas
oublier ce que j'ai appris : c'est ainsi que je connais encore par
cœur un long passage de
pouchkine en russe que javais dû apprendre en terminale, alors
qu'il y a beaucoup de mots dont j'ai oublié le sens (parce que le
russe, lui, je l'ai beaucoup oublié). globalement, les choses que
j'apprends sont tout de même surtout des répliques théâtrales qui me
semblent particulièrement fortes ou célèbres (comme le fameux
monologue de la
scène 1 de l'acte iii de hamlet ou les
scènes 4 et 5 de l'acte i du cid), des poèmes que j'aime lire et réciter, et, parmi les
chansons, des hymnes (on a déjà eu un
exemple ici, et, de peur qu'on me prenne pour un dangereux
gauchiste parce que je connais les six strophes de
l'internationale (mais en français, pas en russe), je
sais aussi les hymnes nationaux anglais, allemand, américain ou
canadien) et des paroles de génériques
idiots et quelques tubes en tous genres — parce que c'est
conçu pour rester facilement en mémoire. d'ailleurs, c'est pareil
pour les vers : je crois que j'ai une affinité particulière pour la
structure de l'alexandrin, et décidément les sonnets de heredia passent mieux que de
la prose ; je suppose que quelqu'un qui a une mémoire surtout visuelle
n'y trouverait pas trop de différence.
tout ceci est tragiquement inutile, évidemment. certes, une fois
j'ai pu faire impression en maudissant quelqu'un à la manière
d'agrippine (dans britannicus) : tes remords te
suivront comme autant de furies, etc. mais généralement on
s'aperçoit assez vite que mon répertoire est, finalement, assez
pauvre, et que quand je cite
faust, ce sont essentiellement toujours les mêmes
vers.
(et, non, avant que quelqu'un me pose la question, je ne fais pas
de théâtre, et je n'ai pas l'intention d'en faire. même si plein de
gens me disent que je devrais.)
[#] en fait, j'avais
fait un an de japonais quand j'étais élève à l'ens :
c'est-à-dire que j'avais juste assisté aux cours sans rien chercher à
retenir, et évidemment, du coup, il ne m'en est rien resté, à part
quelques hiraganas et une unique phrase, この 着物 は
青く で は
ありません — mais je précise
que je sais seulement la prononcer, pas l'écrire, justement. cela
signifie : ce kimono n'est pas bleu. un peu difficile à placer
dans la conversation, surtout quand c'est la seule phrase
qu'on connaisse.
[#2] et j'en profite
pour déplorer le fait que mozilla/firefox ne gère pas
du tout le ruby ; et le
pire, c'est que s'il y a moyen de contourner cette limitation en
faisant du css un peu sioux (à base de display:
inline-table et autres horreurs), une obscurité dans un point
de la norme css (sur l'existence d'une ligne de base de
certaines boîtes) et un changement d'interprétation dans certaines
versions du lézard font que je n'ai absolument pas réussi à produire
un document qui s'affiche correctement partout (l'alignement vertical
est aléatoire).
commentaires
2006-03-27 (lundi)
annonce de colloque
À l'occasion du 230e anniversaire de la naissance de sophie
germain, ce samedi, gaëtan leurent et
moi-même organisons à l'École normale supérieure un colloque
transdisciplinaire mathématiques-informatique-biologie ayant pour
sujet :
variétés de poisson
et espèces de manchot
en raison de problèmes logistiques, le programme n'est pas encore
tout à fait fixé, ni la salle (cela devrait être la salle henri
cartan des conférences du 46 rue d'ulm, à partir de
14h). on espère néanmoins pouvoir assister à un exposé de m. blondeel
sur le thème : le manchot descend-il du singe ? l'exemple de
linux. m. leurent devrait également faire une présentation sur :
how to recognize different types of fish from quite a
long way away. enfin, m. reutenauer pourrait faire un exposé mais,
dans l'immédiat, il nie tout.
nous espérons que les mesures de sécurité permettront néanmoins
l'accès à l'École et que le colloque pourra se dérouler dans de bonnes
conditions.
commentaires
2006-03-25 (samedi)
67
diantre, ça fait pas mal d'années que j'habite où j'habite, et je
viens seulement de remarquer à quel point la ligne de bus nº67 est
commode (c'est-à-dire plus que la ligne de métro nº7)
pour moi pour aller du côté des halles.
commentaires
2006-03-25 (samedi)
printemps
j'ai passé une fin de semaine de folie, entre ces foutus dossiers qui prennent un temps
invraisemblable (j'ai fait un premier envoi pour les endroits où je
suis sûr de vouloir aller, afin d'avoir l'esprit un peu tranquille, et
j'en expédierai peut-être encore un ou deux autres) et divers
enseignements. et, bien sûr, encore une séance chez le dentiste (mais là, je commence à en voir
le bout, et si tout va bien dans dix jours ma couronne sera enfin
posée). l'inquiétude concernant une possible occupation de
l'ens est toujours présente, surtout après le récent saccage de l'ehess
(ici
en photos). du coup, pour faire quand même un peu de vraies
maths, je me suis trouvé à rester dans mon bureau hier soir jusqu'à
5h30 du matin (si je sors de l'École je ne suis pas sûr de pouvoir y
rentrer !) — il faut dire que je butais sur un problème idiot
(j'avais un groupe qui aurait dû agir à gauche et qui s'obstinait à
agir à droite, parce qu'en fait je confondais deux actions subtilement
différentes du même groupe sur le même ensemble) et que je n'aime pas
abandonner quand j'ai l'impression de me heurter à un « bug ».
et ce matin, évidemment, je suis réveillé par les travaux chez mes voisins (apparemment
maintenant ils continuent même le samedi…) ; bon, ce n'est pas
tout à fait exact, c'est plutôt un coup de téléphone qui m'a réveillé
(auquel je n'ai pas répondu, parce que j'ai pour principe de ne jamais
répondre au téléphone quand ça me réveille), mais ensuite je n'ai pas
pu me rendormir à cause des travaux. et des (autres) voisins qui
parlaient très fort sur leur terrasse (et autant l'isolation entre nos
appartements est très bonne autant dès qu'ils sortent sur la terrasse
j'entends tout). bref, j'étais en
train de pester contre ce monde qui ne veut pas me laisser dormir
tranquille.
et puis j'ai remarqué que les oiseaux chantaient. et je me suis
alors rappelé que maintenant c'était le printemps. et alors ma
mauvaise humeur s'est calmée.
commentaires
2006-03-21 (mardi)
fragment littéraire gratuit #81 (révélations)
voici le genre de passages que j'aimais par-dessus tout écrire, il
y a dix ou quinze ans — j'aurais très bien pu faire un roman
juste pour y mettre cette page ! bon, j'exagère un peu. mon intérêt
a décru, mais je continue à trouver que ça a son charme. (quant à
l'idée elle-même, elle s'inspire vaguement d'une ou deux idées que
j'avais rassemblées pour un jeu de rôles que j'avais envisagé de
« masteriser », mais qui ne s'était finalement jamais fait.)
il n'y avait là personne. la pièce dans un coin de laquelle
débouchait le corridor dérobé était la plus vaste et la plus luxueuse
qu'arian ait encore vu dans le palais de lý. À gauche, une balustrade
découvrait la même vue dégagée qu'il avait admirée depuis les toits ;
et il devait être immédiatement en-dessous de la terrasse puisque, à
droite, la pièce se finissait par l'espèce d'atrium au sol de mabre
vert, entourant un carré d'herbe, dont il avait, la veille, remarqué
l'ouverture. une lourde table de chêne flanquée de deux rangées de
fauteuils richement travaillés laissait comprendre qu'il devait
s'agir d'une salle de réunion. et à l'extrémité de la table, un
pupitre.
sur lequel se trouvait un livre.
arian avait compris qu'il devait s'attendre à tout dans cet endroit
féerique, mais il n'avait pas cru que le but de sa quête pût être
ainsi à portée de main. il s'approcha du pupitre comme s'il craignait
un piège et, constatant qu'il s'agissait bien du codex, s'inclina
respectueusement et en effleura la surface avec dévotion.
— un livre qui aura causé bien des soucis, n'est-ce pas ? ne
prenez pas peur, arian, c'est moi qui vous ai envoyé la lettre qui
vous a mené ici.
l'homme qui venait de parler ainsi émergea de l'ombre qui le
cachait dans le coin de la pièce opposé à celui par lequel arian était
entré, et révéla donc son visage : celui d'un vieillard d'environ
quatre-vingts ans, barbu et chauve, mais dont les traits n'étaient en
rien usés par le temps, pas plus que le corps toujours robuste. il
était vêtu d'une robe amarante qui ne portait aucun signe.
— qui êtes-vous ? savez-vous qui a volé le livre de
vie ?
— qui suis-je ? je ne saurais vous dire à quel point je suis
heureux d'entendre cette question, jeune homme. mais je crois que
vous pouvez me reconnaître, car mon visage, vous l'avez déjà vu,
surtout vous qui venez de val : il est reproduit en cent mille
exemplaires, il figure sur les pièces de monnaie que votre roi presse,
il trône en majesté au centre de chacun de vos temples, et même si
c'est tel que j'étais il y a soixante ans, je pense que vous
savez…
saisissant entre ses bras, pour le relever, arian qui maintenant
baisait le sol à ses pieds, il conclut :
— …que je suis celui qui a écrit ce livre.
portant le garçon, plus qu'il le guidait, jusqu'à un siège, et
s'asseyant lui-même en face, celui qui avait été le dieu de vie laissa
passer un long moment de silence puis, voyant que l'autre ne
retrouverait pas si rapidement l'usage de la parole, s'adressa de
nouveau à lui :
— je suis désolé du choc que vous cause manifestement ma vue.
j'aurais voulu le prévenir mais ce n'était pas possible. voilà plus
d'un demi-siècle que je suis prisonnier entre ces murs, hôte du
seigneur lý, mon ami d'enfance, le seul en qui je puisse avoir
confiance. vous connaissez évidemment les circonstances dans
lesquelles on a cru à ma mort : et vous comprenez maintenant que,
lorsque j'ai voulu rectifier l'erreur qu'on avait faite à ce sujet, je
n'ai qu'empiré la situation car on m'a vu ressuscité. vous n'êtes pas
au bout de vos surprises, j'en ai peur : êtes-vous prêt à entendre la
suite ?
blême, arian fit un faible signe de tête affirmatif, et le vieil
homme reprit :
— ce livre, c'est moi qui l'ai écrit, mais c'est aussi moi
qui l'ai volé. j'avoue que je suis assez fier de moi : et à
quatre-vingt-deux ans, pénétrer dans le grand temple de val pour y
dérober l'objet le plus sacré, je crois que ça le mérite. les hommes
de lý m'ont aidé jusqu'à un point, surtout pour m'éviter d'être
reconnu, mais j'ai tenu à faire l'essentiel seul, afin de ne pas leur
faire courir le risque des tortures raffinées que le grand-prêtre
aurait réservées au voleur.
de nouveau, il attendit un moment avant de continuer. puis, d'un
ton grave :
— l'écrire était la plus grave erreur de ma vie et sans doute
la plus grave erreur de toute l'histoire. je n'ose songer au nombre
de morts qu'elle a causées. mais je crois qu'il n'est jamais trop
tard pour réparer ses erreurs, et je prétends maintenant le faire pour
celle-ci. et je compte sur vous pour m'y aider.
commentaires
2006-03-20 (lundi)
candidatures, paperasse, déprime
je suis plongé dans la constitution de mes dossiers de candidature
comme maître de conf'. c'est un
cauchemar à plusieurs titres. d'abord, savoir où candidater : quel
profil correspond à mes thèmes de recherche, est-ce que je veux
vraiment aller à tel endroit, est-ce que je ne risque pas d'être
déclassé ici si je candidate là (il faut savoir que les commissions de
spécialistes ne classent généralement pas les candidats qui ont été
classés à un autre endroit, donc il y a des effets pervers de
ricochets entre les candidatures), est-ce qu'au contraire je ne risque
pas d'être mal jugé si je ne candidate pas à tel endroit,
etc. ensuite, faire les dossiers : pour chaque candidature, il faut
fournir une quantité totalement invraisemblable de paperasse, souvent
en double (dans chaque enveloppe de candidature on met deux petites
enveloppes, une pour chaque rapporteur), parfois en triple —
donc déjà il faut au moins 3n enveloppes (à adresser
soigneusement !) pour faire n candidatures, et rien que mes
rapports de thèse, qui font dix pages, multipliés par 2×10 si je fais
dix candidatures, représentent 200 pages de paperasse à dispatcher
entre les enveloppes. je suis en train de craquer nerveusement, et
j'en fais des cauchemars.
la chose qui sauve, quand même : discuter avec les collègues
(concurrents et néanmoins amis) pour se rendre compte, au moins, qu'on
est dans la même galère, et se refiler des conseils sur ce qu'on a
compris.
commentaires
2006-03-19 (dimanche)
l'argent du contribuable, l'argent du consommateur
il m'arrive assez rarement de regarder la télé. ce soir, dans un
moment de désœuvrement (je ne suis pas allé travailler, parce
que j'ai cru qu'on ne me laisserait pas
entrer dans mon bureau), je l'ai allumé, et je suis tombé sur
l'émission capital
consacrée au patrimoine de l'État (le mobilier national). i.e., on
parle beaucoup de l'argent du contribuable, de la manière dont il est
employé, du train de vie des ministres (est-il excessif, etc.).
je suis tout à fait favorable à ce genre d'enquêtes et à la
transparence dans ce domaine (l'exemple de la suède, proposé dans un
des reportages, était d'ailleurs fort instructif pour ce qu'on peut
atteindre en matière d'économie et de transparence). mais il y a une
chose que je n'ai jamais bien comprise, c'est l'obsession pour
l'argent du contribuable par rapport à l'argent du
consommateur.
je m'explique. une partie de l'argent que je dépense va dans les
caisses de l'État, que ce soit par les impôts directs ou par des
taxes ; en « échange » (plus ou moins) de cet argent, je reçois des
services de l'État. une autre partie, nettement plus importante, de
l'argent que je dépense, va dans les caisses de groupes privés
(typiquement, des entreprises), et en échange je reçois différents
services ou différents biens de consommation. dans le premier cas, on
parle de mon argent en tant que contribuable, dans le second, en tant
que consommateur. une partie de l'argent du contribuable sert à payer
ce que les reportages appellent les ors de la république, les
voitures et appartements de fonction des ministres, ce genre de
choses ; mais une partie de l'argent du consommateur sert aussi à
payer des choses de ce genre : les voitures et appartements des
dirigeants des entreprises. personnellement, je ne vois pas
fondamentalement la différence. or il me semble que pour ce qui est
de l'argent public, le niveau de transparence est loin d'être
aussi mauvais que pour l'argent privé : il n'est certes pas
facile de savoir où vivent les ministres et combien ça coûte au
contribuable, mais il est encore plus difficile de savoir où vivent
les pdg et combien ça coûte au consommateur, et quand un
ministre a un appartement jugé trop luxueux, payé par l'État, et que
la presse le révèle, au moins, il est forcé à démissionner, alors que
pour un pdg je n'ai le souvenir d'aucune histoire de ce
genre (même s'il y a ponctuellement des petits scandales, mais
uniquement sur des épiphénomènes locaux). pourtant, moi, je ne me
sens pas vraiment plus gêné par un cas que par l'autre. (et je
précise que je cite les grosses voitures comme un exemple
anecdotique : je parle de transparence financière en général.)
la réponse classique serait de dire que je n'ai pas le choix de
payer des impôts alors que j'ai le choix d'acheter mes yaourts dans la
marque x ou y. je trouve ça assez pipo :
premièrement, je fais mes achats dans la grande surface la plus proche
de chez moi et je n'ai pas de choix à ce sujet (les autres sont trop
loin), donc ce que je paie à champion est exactement pareil qu'un
impôt, de mon point de vue, et deuxièmement, de toute façon, je n'ai
pas assez d'information pour savoir si l'argent est mieux dépensé
quand il rentre dans les caisses de la marque x que de la
marque y, car aucune ne fait preuve de la moindre
transparence quant à sa gestion de ses recettes.
et bizarrement, ça semble normal à la plupart des gens :
autant l'État est perçu comme quelque chose qui doit être sous le
contrôle de tout le monde (la république est, étymologiquement,
la chose publique), sinon les citoyens-contribuables protestent,
autant un organisme privé a, moralement, le droit d'être opaque, et
ses clients-consommateurs ne s'en offusquent pas, ils regardent juste
l'argent qui entre et le service qui sort et considèrent le reste
comme une boîte (pun unintended) noire.
attention, je ne dis pas forcément que les entreprises devraient avoir
une obligation légale de transparence financière vis-à-vis de
leurs clients ! rendons à césar ce qui est à césar, à l'État ce qui
est la loi : je dis que je trouve malsain de la part de la société de
tolérer d'acheter des biens à des fournisseurs dont elle n'exige pas
la transparence financière la plus totale, alors qu'elle l'exige des
gouvernants de l'État. malheureusement, ce n'est pas quelque chose
qui semble en passe de rentrer dans les mœurs, que de refuser
d'acheter un produit lorsque celui à qui on l'achète n'est pas en
mesure de fournir un compte-rendu détaillé de ce qu'il va faire avec
l'argent qu'on lui verse. (et je souligne que je me place
volontairement dans la situation du client face à un
fournisseur et pas de l'actionnaire : car il semble
mieux compris que l'actionnaire peut exercer un contrôle sur le groupe
dont il est actionnaire, alors qu'il n'y a pas vraiment plus de raison
que pour le client. l'actionnaire a le pouvoir de vote dans les
assemblées générales, mais le client a le pouvoir de refuser
d'acheter, et c'est un contrôle censément au moins aussi
efficace.)
le commerce équitable est un début de réponse, mais il met la
charrue avant les bœufs : c'est surtout le commerce
transparent que je voudrais voir. et jusqu'à présent, je
n'ai jamais vu un yaourt qui comporterait une étiquette détaillant, à
côté des ingrédients (et de façon contractuelle !) la répartition du
prix de ce yaourt. s'il y a des associations de
consommateurs qui militent pour forcer l'apparition de telles
mentions, j'adhère.
commentaires
2006-03-18 (saturday)
gratuitous literary fragment #80 (dungeons and dragons)
—all right, thou foul, stinking, dragon: thy time is up!
i've come to slay thee and cut thee in little pieces.
—oooooooooh, a beautiful, manly, warrior in shining
armor! i knew someday my prince would come.
—uh, perhaps i wasn't clear enough the first time: i've come
to kill thee, not rescue thee. thou art'nt a damsel in distress.
and, in fact, i'm not a prince either: princes, seest thou, are more
keen on staying safely in their castle (and on the front cover of
tabloids) than on dispatching dragons; so they send underlings like me
to do the dirty work. and, lastly, i don't like this sort of
chit-chat before fights: so please cut it out.
—i'm sorry. it's just that i think conversation is an
important part of foreplay.
—i'm sorry… foreplay?
—oh, yes, that's always my favorite bit. i mean, if thou
wert to start driving thy thick warhammer, thy broad sword, through
every orifice in my body, without first allowing me to taste the bliss
of foreplay, the caress of plate armor against dragonscale, the
mingling smells of (unwashed) human adventurer and dragonbreath, the
arousing sight of sweat on skin and leather, i would miss the best of
the experience, wouldn't i? then i would never lubricate properly,
and…
—caress? arousing? lubricate?
look, dragon, i hate to say this, but i'm afraid we have a bad
misunderstanding: i'm here to kill thee, not take part in
some kind of pervert game of the sort which is certainly favored by
princes and all the avant-garde élite but which i know nothing about,
nor do i intend to.
—oh yes, that's what the others also said. isn't it part of
the role-playing?
—what others?
—the other princes, naturally. non-princes, that is.
humans. they came for the same reason thou didst.
—the people thou killedst, thou meanest? (oh, to hell with
this idiotic second person singular!) the people you killed, you
mean? verily i will avenge them!
—killed? certainly not: i think killing is unethical.
they're in here: they live inside my cave, i feed them (a strict vegan
diet, again, because i'm opposed to needless killings), and we get to
play together as often as we wish. but it gets a bit boring after a
time, since the only game they seem good at is the game of begging me
to free them and let them return to their families. all role-playing,
of course: the only reason i keep them chained is that i've been told
it increases the pleasure of… hey, why art thou running away?
come back! [in a different voice:] ha, stupid adventurers!
willing to face a dragon, but can't abide the mere mention of lust?
well, my booty is safe.
comments
2006-03-17 (vendredi)
attention ! obscurité
je me contente de faire suivre un lien vers un article
de the onion qu'on m'a signalé, parce que je le
trouve particulièrement hilarant (il est vrai que je suis bon public
pour the onion, et celui-ci est vraiment typique de leur
forme d'humour). sinon, leurs horoscopes sont
géniaux — comme toujours, mais là aussi il faut aimer cette
forme d'humour.
commentaires
2006-03-16 (jeudi)
pas carnet
finalement je ne me suis pas pointé à rive gauche
carnet : trop timide pour essayer d'identifier et de
rejoindre un groupe que je ne connais pas, dans un endroit que je ne
connais pas (même si c'est à 20m de chez moi).
commentaires
2006-03-16 (jeudi)
comment faire la révolution — ou pas
pour ceux qui ne sont pas au courant de
l'actualité française, le cpe
est un projet du gouvernement galouzeau (qui vise à créer un type de
contrat de travail temporaire, très facilement révocable, que ses
adversaires accusent de devoir favoriser la précarité et l'instabilité
dans le marché du travail) ; la protestation contre cette mesure prend
la forme de manifestations répétées depuis un peu plus d'un mois, et
spécialement ces deux dernières semaines.
je m'abstiendrai de porter un jugement sur le cpe
(devoir de réserve, tout ça tout ça ?), mais je voudrais commenter la
réaction qu'il a provoqué. d'une part, je suis persuadé que son
impopularité est en bonne partie le fruit du hasard : pas tant le fait
qu'il soit jugé négativement par les syndicats mais le fait qu'il ait
été à ce point remarqué dans l'opinion — car il me semble que
des mesures tout à fait comparables ont déjà été adoptées par le passé
sans faire autant de remous, simplement parce que personne ne les a
montrées du doigt au moment opportun. car c'est un phénomène général
avec l'opinion publique que ce qui l'agite est largement le fruit du
hasard, même en politique : il y a toujours une cause quelque part,
mais deux causes à peu près identiques peuvent provoquer des effets
démesurément différents selon les circonstances fortuites qui
entourent la présentation de l'un ou de l'autre. dès lors, je ne
comprends pas pourquoi le gouvernement s'obstine : il n'a pas
grand-chose à gagner (on va rarement loin, en politique, à se montrer
inflexible) et énormément à perdre (il est vrai que son impopularité
est déjà immense, mais les français, de toute façon, ne retiendront
que les derniers dix-huit mois avant l'élection) ; à leur place, même
en étant convaincu que le projet est bon, je le retirerais, et je
chercherais à introduire des mesures moins susceptibles de braquer
l'opinion contre elles.
en fait, ce pays vit dans le fantasme permanent de mai '68 : à chaque
fois que les étudiants commencent à s'agiter, c'est avec en tête le
mème on va faire comme en '68 (je me rappelle par exemple avoir
vu un graffiti assez ancien, près de mon lycée, qui posait l'équation
x=1968, où x était le numéro d'une année, celle
du graffiti, où on a maintenant totalement oublié qu'il y avait des
manifestations). je n'y crois pas du tout : d'une part, mai '68
montre qu'il n'y a pas besoin d'un événement très significatif (comme
une mesure particulière du gouvernement) pour déclencher des réactions
énormes, d'autre part il prouve au contraire qu'il faut un climat
préalable qui n'a pas du tout l'air d'exister en ce moment. or parmi
les motivations des manifestants, outre l'opposition principale au
projet, il y a aussi des choses un peu moins reluisantes :
certainement des petits cons viennent juste pour casser ou pour le
plaisir de foutre le bordel (il y a eu des pertes irréparables dans la
bibliothèque des chartes), mais il y a aussi simplement la recherche
de l'aventure (et du rush d'adrénaline lors de la confrontation avec
les crs) et, quelque part, donc, l'idée que on va
faire comme en '68 (et peut-être le souhait d'être immortalisé en
photo, de devenir un héros à la cohn-bendit). si je suis convaincu
que mai '68 a apporté des changements importants et vraiment
bénéfiques dans la société française, il nous a aussi apporté cette
glorification per se de la révolte étudiante, et
peut-être un goût immodéré pour les manifestations — et ça, je
ne crois pas que ce soit une bonne chose, parce qu'à banaliser la
révolte on est obligé d'y recourir sans cesse. À l'inverse, je me
demande si le fantasme de mai '68 n'est pas aussi dans l'autre camp,
et comme on sait ce qu'ont donné les élections qui ont suivi les
agitations, un théoricien du complot pourrait conclure des choses dans
cet ordre d'idées.
toujours est-il que si je comprends l'intérêt de manifester pour
montrer le nombre des opposants à un projet, le principe d'occuper des
lieux publics m'a toujours semblé particulièrement crétin (surtout
quand on sait que cette occupation va inévitablement donner lieu à des
dégradations, même si ceux qui la décident ne sont pas, et ne veulent
pas être, apparentés aux casseurs). qu'est-ce que ça change,
concrètement, d'occuper la sorbonne, jussieu ou quidlibet, par rapport
— disons — à se retrouver simplement tous les jours
devant ? Ça change que ça coûte une fortune à l'université, qui n'est
pas bien riche, et que ça emmerde gravement les étudiants qui veulent
travailler : et ça, ce n'est pas le genre de choses qui vont faire
reculer le gouvernement.
anecdotiquement, on se demande si l'ens (nid de
gauchistes, tout le monde le sait) va être occupée. l'administration
en fait des cauchemars, apparemment, et ça se comprend assez parce que
les finances sont catastrophiques (et la directrice essaie
désespérément d'obtenir plus de crédits…) et parce que la
bibliothèque a des collections vraiment précieuses ; l'École avait
déjà été occupée, vers janvier '98, par des chômeurs en révolte
(évidemment, ils n'avaient aucune idée de ce qu'était cette École, ce
sont des élèves militants qui les avaient convaincus de venir s'y
installer) et ça avait fait des dégâts coûteux. là, apparemment, une
ag autoproclamée représentative a gentiment demandé à
l'administration de leur fournir une salle à occuper, ce qui a,
disons, provoqué une certaine stupeur. attendons de savoir ce qu'il
advient. quand je suis parti, ils avaient posté des vigiles à toutes
les sorties, et ils ne laissaient entrer qu'au compte-goutte.
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2006-03-16 (jeudi)
dur matin
j'ai horreur de ces journées où, rien qu'en me levant et en pensant
au nombre de choses que je vais devoir faire, je suis déjà fatigué et
je n'ai qu'une idée en tête, c'est me recoucher.
À part ça, la connexion réseau de l'ens a l'air
d'être morte, depuis environ douze heures, donc n'essayez pas de
m'écrire un mail (s'il y a quelque chose de vraiment urgent, mettez
dmadorenerimnet en cc, mais bof, en fait : mieux
vaut utiliser le téléphone ou quelque chose comme ça).
ah ben ça vient de se remettre à marcher.
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2006-03-15 (mercredi)
xy revit
il y a quelques années, je m'étais abonné à ce journal. qui ensuite ne m'avait pas
envoyé un seul numéro : j'avais cru qu'ils m'avaient totalement oublié
(après avoir encaissé l'argent…), mais je ne me
sentais pas assez motivé pour leur casser les pieds à ce sujet, bref,
j'ai surtout complètement oublié l'affaire. et voilà que cet
après-midi j'en reçois un numéro dans ma boîte aux lettres, de façon
complètement inattendue, accompagné d'un mot expliquant que le journal
avait failli cesser d'exister et qu'il reprenait maintenant en
espérant pouvoir désormais paraître mensuellement. bon, je suis
peut-être un peu vieux pour le lire (déjà quand j'ai payé pour
l'abonnement, et à plus forte raison maintenant), parce que c'est
essentiellement pour les djeunz, mais ça va quand même être rigolo de
le recevoir. beaucoup plus rigolo que têtu, en tout cas, auquel
j'ai été abonné pendant un temps mais dont le côté branchouille-snob-vide-de-contenu a fini
par me casser les couilles sérieusement. au moins, xy,
lui, ne se prend pas — mais pas du tout — au sérieux.
pour commencer, leur couverture cite… l'article
wikipédia qui leur est consacré : a brazenly honest gay youth
mag with rather dark sense of humor.
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2006-03-13 (lundi)
l'amphibologie fondamentale du droit
il est notoire que les gens qui ont un sens de la logique un peu
développé ont presque toujours des difficultés considérables à
comprendre les juristes (au sens large : tous ceux qui se spécialisent
dans la rédaction, l'interprétation et l'étude de la loi et du droit)
et à se faire comprendre d'eux. un de mes amis (informaticiens, donc
nettement plus proche du côté « logique ») résumait ça en disant : il
faut accepter le fait que le droit a sa propre logique, qui n'est pas
du tout la logique mathématique, et qui ne peut être pénétrée que si
on abandonne l'idée de raisonner de façon logique (mathématique) ;
c'est assez zen, comme façon de dire
les choses (en ce sens que le zen lui aussi demande un abandon de la
logique pour être compris), mais, bizarrement, j'ai l'impression
d'accrocher au zen beaucoup plus que j'accepte au droit. peut-être
parce que le zen ne s'impose pas à moi (c'est moi qui vais le
chercher), et prétend être à côté de la logique, alors que le droit,
lui, s'impose forcément (on y est soumis, volens
nolens) et contredit expressément la logique mathématique à de
nombreuses reprises. je me demande s'il y a des études scientifiques
sérieuses qui ont été faites sur le droit du point de vue de la
logique modale, par exemple (j'avais déjà vu des tentatives dans ce
sens, mais c'était du pipo en boîte).
toujours est-il que j'ai compris, assez récemment (et à la faveur
d'un commentaire
que j'ai fait sur un blog
fort intéressant mais où il est, finalement, à peu près aussi vain
de poster des commentaires que d'apporter des chouettes à athènes) ce
que je crois être une des plus graves différences entre la logique et
la logique-du-droit : j'appellerai ça l'amphibologie fondamentale
du droit et je vais essayer d'expliquer en quoi ça consiste.
j'avais déjà remarqué que les gens ont souvent du
mal avec le maniement des modalités (modalités étant à prendre
au sens de la logique modale) :
par exemple à distinguer le fait que je pense que x est
une mauvaise chose et je pense qu'il est souhaitable que
x soit interdit (i.e., beaucoup de gens semblent penser
qu'il va de soi que si x est une mauvaise chose cela
devrait être interdit : si c'est le cas, je propose une loi pour
interdire la stupidité, et il sera intéressant de savoir ce qu'il en
ressort ; tout ça pour dire que souvent on prend un malin plaisir à
argumenter contre x alors qu'en fait on voudrait argument
pour une loi interdisant x ce qui n'est pas du tout la
même chose). mais je veux parler de quelque chose de plus précis
ici.
l'amphibologie que
je crois avoir comprise concerne un double sens sur le terme
autorisé. plus exactement, le droit semble avoir pour principe
que toute chose est soit interdite soit autorisée
(et que ce qui n'est pas « positivement » interdit est autorisé) : ce
qui, en soit, n'est pas un problème du point de vue logique, sauf si
on commence à confondre le sens de x est autorisé
(ou j'ai le droit de faire x) qui signifie la loi
ne condamnera pas quelqu'un qui commet x et celui qui
signifie la loi assurera que chacun a les moyens de réaliser
x (et notamment, condamnera quelqu'un qui en empêche un
autre de commettre x), le second sens étant a
priori beaucoup plus fort que le premier.
or, ces deux sens (la loi ne m'interdit pas x et
la loi garantit que j'aie la possibilité de x),
malgré leur très importante différence, sont systématiquement
mélangés, ainsi que d'autres sens assez proches ou intermédiaires.
par exemple, quand on dit que le droit au travail est inscrit dans la
constitution, le premier sens étant tellement évident (personne ne va
être condamné pour avoir travaillé, ça c'est certain…) que
c'est sûrement le second qui est en jeu (la société, dans une
acceptation un peu floue, c'est-à-dire, concrètement, le gouvernement,
devrait veiller à ce que chacun puisse effectivement travailler).
quand on parle de la liberté d'expression, c'est sûrement le droit de
ne pas être inquiété pour avoir exprimé ses opinions, mais certains
feignent de le comprendre dans le sens qui assurerait un auditoire à
cette expression (si vous ne m'écoutez pas, vous bafouez ma liberté
d'expression : c'est rarement dit de façon aussi parfaitement
idiote, mais on voit cet argumentaire ressortir à l'occasion de gens
qui se disent censurés sur un quelconque forum). quand l'article l211-3
du code de la propriété intellectuelle affirme que des
bénéficiaires de droits ne peuvent interdire (sic !)
x (en l'occurrence, la copie privée), c'est censé vouloir
dire que x est autorisé dans le premier sens (même si
l'auteur dit vous ne pouvez pas copier, cela reste autorisé),
mais certains plaignants l'ont compris dans le second sens (si
l'auteur prétend empêcher la copie privée, on peut porter
plainte contre eux), et la cour de cassation les a déboutés (c'est ce
qu'explique l'entrée
mentionnée ci-dessus) mais en faisant cependant semblant de
comprendre le droit dans le premier sens ! bref, la confusion est
partout, envahissante et soigneusement entretenue.
l'idée, à la base, n'est pas absurde, ou au moins, ne le paraît
pas : le principe sous-jacent de philosophie du droit serait que seul
l'État, à travers la loi, peut restreindre la liberté des individus,
et que ce qu'il n'interdit pas est donc non seulement autorisé au sens
faible (on ne peut pas être condamné pour cela) mais même autorisé au
sens fort (aucun autre membre de la société ne peut prendre sur lui
d'interdire, ou, effectivement, d'empêcher, ce que l'État
autorise). l'ennui, c'est que (a) ce principe, pour séduisant qu'il
est, n'est pas expressément formulé quelque part, et le dégager du
droit positif est donc hautement douteux et sujet à quantités de
divergences d'interprétation, et (b) au mieux, cela ne peut
s'appliquer qu'à certaines valeurs bien particulières de x
(déjà, un sous-entendu notable est que x soit au moins
« matériellement possible » en un certain sens) et avec des réserves
diverses et mal dessinées ; mais le pire, c'est la confusion hantant
systématiquement l'utilisation des mots droit, autorisé,
licite, permis, etc.
de façon superficielle, on serait tenté de
reconnaître l'axiome
◊x⇒◻◊x (tout ce qui
est autorisé est obligatoirement autorisé) de la logique modale,
généralement appelé axiome 5, qui a un pedigree tout à
fait honorable. malheureusement, à y regarder de plus près, il ne
s'agit sans doute pas de la même modalité dans la partie droite de
l'implication (je parle du second modalisateur) que dans la partie
gauche, donc je verrais plutôt quelque chose comme
◊x⇒◻⧫x, où le symbole
‘⧫’ dénote une autorisation d'un type
différent, et ensuite on s'y perd.
par ailleurs, les juristes semblent avoir développé tout un arsenal
de processus mentaux leur permettant d'éviter de se heurter aux
contradictions de leur système (donc, d'en tirer toutes les
conséquences au sens de la logique) mais aussi d'éclaircir les
ambiguïtés. par exemple, imaginons que j'essaie d'appliquer, pour
aboutir à une absurdité, le principe fondamental dégagé ci-dessus, à
l'action x = entrer chez mon voisin : la conclusion
serait que soit il m'est interdit de rentrer chez mon voisin soit cela
m'est autorisé, non seulement en ce sens que je ne pourrais pas être
condamné pour ça mais en ce sens que si mon voisin essaie de m'en
empêcher c'est moi qui peux le traîner en justice : manifestement,
c'est absurde, et pour le logicien les choses s'arrêtent là —
mais pour le juriste on s'en sort en divisant en cas selon que le
voisin m'autorise ou non à entrer chez lui, et l'absurdité disparaît.
le principe fondamental vaut donc, semble-t-il, de façon ramifiée
(pour la valeur initialement proposée de x il ne tient pas,
mais il tient si on divise x en x1 =
entrer chez mon voisin avec son accord, qui est autorisé au
sens fort, et x2 = entrer chez mon voisin
sans son accord, qui est interdit). je peux simplement dire que
je suis incapable de dégager un sens général au principe, qui ne
vaudrait pas sans des milliers d'exceptions ou de notes en bas de
page.
et sur un plan plus large, l'observation aporétique que je voudrais
en profiter pour faire est la suivante : le droit se trouve coincé
entre deux impératifs impossibles à concilier. l'un est celui de
s'appliquer aux situations humaines, et tout le mode de pensée des
humains, comme l'explique assez bien marvin minsky dans la
société de l'esprit (the society of
mind) est bâti (outre sur les émotions) sur l'analogie et la
reconnaissance de motifs, des opérations simples effectuées par des
agents mentaux, et certainement pas sur la logique au sens
mathématique ; l'autre impératif est d'être raisonnablement rigoureux
et prédictif (pour éviter un état d'arbitraire), ce qui impose
justement un minimum de logique pour maintenir la cohérence du
système. la solution (inévitablement bâtarde) qui a été trouvée est
d'appliquer une logique empirique qui n'est pas la logique
mathématique, et qui est probablement incompréhensible par elle, mais
qui est tout aussi incompréhensible du fonctionnement normal et
quotidien de la pensée. c'est une conclusion assez déprimante, je
trouve (au moins en ce sens que, primo, je serai éternellement
incapable de comprendre le droit, même si je faisais des efforts
démesurés pour m'y faire, et que, conséquemment, je dois me considérer
comme soumis à un corpus parfaitement opaque et impénétrable de règles
incohérentes).
commentaires
2006-03-12 (dimanche)
portrait chinois ii, le retour (et il n'est pas content)
un des petits jeux des blogueurs, c'est de se balancer les uns aux
autres des petites
questions auxquelles on est invité
à répondre à son tour — c'est-à-dire à se ridiculiser en
cherchant désespérément quelle réponse un peu originale on va pouvoir
faire après les 299792458 blogueurs qui sont déjà passés à l'abattoir
(pendant que l'initiateur de la chaîne se frotte les mains : hé hé,
ouné victimé dé plous est tombée dans moun piége diabolik !).
profitant jusqu'à présent mes immunité naturelles résistance aux
questionnaires (+2, augmentée en +4 lorsque je revets mon talisman
de ruxor), isolement
blogosphérique (+5) et faire le mort (+3, augmenté en
+42 contre les petits amis potentiels), j'ai toujours pu déjouer
habilement ces attaques perfides, mais je sens que le danger
s'accroît, alors, dans cette course aux armements
caténointerrogateurs[#], je sors
mon arme ultime, ma doomsday machine,
mon inquisition espagnole[#2], le questionnaire qui fera
trembler la blogosphère, et, face à la terreur provoquée par une
menace aussi grave, nul ne me défiera plus, et je régnerai en maître
incontesté <ici, la voix de ruxor se perd dans un bredouillage
inaudible qui se finit par un rire sardonique>.
vous connaissiez déjà ce jeu idiot où on
vous demande de vous identifier successivement à un objet, à une
couleur, à une pierre, à un parfum, etc. ad
nauseam ? vous avez voué aux gémonies celui qui vous a infligé de
répondre à ces sornettes ? eh bien voici ma terrible vengeance :
le portrait chinois ii,
le retourlasciate ogne speranza, voi ch'intrate
si j'étais une station du métro de toronto, je serais…
…summerhill.
si j'étais une note d'une œuvre de bach, je
serais…
…le do dièse à la main gauche sur le troisième temps
de la quatrième mesure du prélude en ré majeur (bwv850)
de la première partie du clavier bien tempéré.
si j'étais une couleur de feu tricolore, je serais…
…orange clignotant.
si j'étais une norme iso, je serais…
…iso 10646, évidemment (vous imaginiez quoi ?
iso 9001 ? exigences de qualité ? ha, ha, ha).
si j'étais un poison violent, je serais…
…le curare.
si j'étais un cas de la déclinaison de ἡ
πόλις, je serais…
…le génitif duel (τοῖν
πολέοιν).
si j'étais un article du code pénal français, je
serais…
…l'article 225-16-1.
si j'étais une phrase célèbre d'oscar wilde, je
serais…
…we are all in the gutter, but some of us
are looking at the stars (lady windemere's
fan, acte iii).
si j'étais un mollusque (de la classe des bivalves), je
serais…
…euh, je n'en suis pas déjà un ? hum, pardon.
dinocardium robustum, alors.
si j'étais un mot utilisé une seule fois dans the lord of the rings, je serais…
…persuasion (utilisé dans le
chapitre 11 du livre iii).
si j'étais un problème de sudoku, je serais…
…le suivant :
..1|729|...
...|...|3..
.2.|3.5|.7.
---+---+---
..5|.42|...
...|..1|8..
...|...|75.
---+---+---
197|6.8|.3.
...|..3|6..
..4|2..|.18
si j'étais un groupe fini simple
sporadique, je serais…
…le groupe m24 (de mathieu).
si j'étais une forme de tournevis, je serais…
…un torx (t10, mais c'est pas la taille qui
compte, c'est la façon dont on s'en sert).
si j'étais une raison pour laquelle le poulet a traversé la route,
je serais…
…why do you need a reason?.
si j'étais une étoile de magnitude visuelle au moins 4,
je serais…
…31 leo (hd 87837), une étoile de type
spectral k3 ou k4 située à à peu près 270 années-lumières d'ici et de
magnitude visuelle environ 4.4.
si j'étais le titre écrit à l'envers d'un poème d'edna st. vincent
millay, je serais…
…llih a no noonretfa.
si j'étais une phrase commençant par si j'étais, je
serais…
…celle-ci. (vous vous y attendiez, hein ?)
si j'étais une personne dont le nom de famille commence par
‘m’, je serais…
…moi ! ha, ha, cette fois-ci c'est vrai que je le suis
déjà, et tout le monde ne s'en tirera pas aussi facilement !
si j'étais un non-sequitur complet, je serais…
…mais il faut utiliser un presse-papier solide.
voilà… maintenant—
(governor tarkin:) i think it is time we demonstrated the full
power of this station.
—non, je prends pitié des autres blogueurs et je ne désigne
pas de victime pour répondre à mon questionnaire. mais s'il y en a
qui sont assez fous, dénoncez-vous, je me ferai un plaisir de vous
citer.
[#] relatif aux
interrogatoires en chaînes. ou quelque chose comme ça.
[#2] vous ne vous
attendiez pas à l'inquisition espagnole, hein ?
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2006-03-11 (samedi)
forces de l'ordre
avant-hier (jeudi soir), m., un de nos agrégatifs, arrive en k-fêt
avec un œil au beurre noir : il s'est retrouvé, du côté de la
sorbonne, entre étudiants et crs, s'est pris du gaz
lacrymogène dans la gueule… en partant, il a entendu deux
crs qui discutaient, et l'un a demandé à l'autre, en
parlant de cogner les étudiants : alors, tu t'es fait
plaisir ?
hier après-midi, je descends à la gare d'orsay pour aller au séminaire
variétés rationnelles, et il y a une demi-douzaine de
policiers sur le quai, pour procéder à des contrôles d'identité.
j'étais dans le dernier wagon (le plus proche de la sortie, à orsay,
en venant de paris), et ils nous laissent passer sans nous retenir,
sauf deux personnes à qui ils demandent leurs papiers :
justement le noir et le beur du wagon.
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2006-03-11 (samedi)
interrogation des graphes
encore un problème de maths qui m'a fait m'arracher les
cheveux… le problème qui suit me paraît particulièrement
séduisant et mystifiant. je vais tenter de l'expliquer en détails
sans supposer de connaissance mathématique particulière.
on considère n points, et on appelle graphe
(sous-entendu : non-orienté, sans arêtes multiples et sans
arêtes-boucles) sur ces n points la donnée d'un ensemble de
paires (non orientés) de points appelées arêtes du graphe :
il y a donc n(n−1)/2 arêtes possibles (une
pour chaque paire), et chaque graphe a entre 0 et ce nombre-là
d'arêtes.
une propriété des graphes sur les n points
considérés sera un ensemble de graphes (ceux qui vérifient la
propriété) qui ne change pas par permutation des sommets
(isomorphisme), i.e., lorsqu'un graphe a la propriété, tout graphe
obtenu en permutant simplement les sommets l'a aussi : ainsi, être
connexe (= tout sommet peut être relié à n'importe quel autre par
une succession d'arêtes) est une propriété, ou être le graphe
complet (celui qui a toutes les arêtes possibles), mais pas
avoir une arête entre le sommet 1 et le sommet 2 (parce que
cela donnerait un ensemble différent de graphes si on permute le
sommet 2 avec le sommet 3, disons) ; en revanche, il existe un
sommet relié directement à tous les autres sommets est bien une
propriété admise.
maintenant, fixons une propriété p des graphes sur les
n points (admise au sens ci-dessus), et imaginons qu'on
cherche à savoir si un graphe inconnu la possède : pour cela, on a le
droit d'interroger le graphe en posant des questions du type y
a-t-il une arête entre les sommets x et y ?
(dont la réponse sera, à chaque fois, oui ou non),
éventuellement en adaptant les questions en fonction des réponses
précédentes ; évidemment, si on pose toutes les
n(n−1)/2 questions possibles (une pour
chaque paire {x,y} de sommets), on connaît
complètement le graphe, donc on sait s'il possède la propriété
p (elle, elle est connue !). on dira que la
complexité d'interrogation d'une propriété p est
le nombre minimum de questions tel qu'en posant ce nombre de questions
on soit sûr (dans le pire cas) de pouvoir déterminer si un
graphe quelconque possède la propriété p ou non. je viens
d'expliquer pourquoi la complexité d'interrogation de n'importe quelle
propriété p sur les graphes à n sommets est
toujours au plus n(n−1)/2 : c'est la
complexité maximale.
par exemple, si p est la propriété le graphe est le
graphe complet, la complexité d'interrogation est justement
n(n−1)/2 : c'est évident parce, que, pour
pouvoir conclure que le graphe est complet, il va bien falloir
vérifier que toutes les arêtes sont dedans, ce qui ne peut
pas se faire ne moins de n(n−1)/2
questions. il en va de même d'une propriété du genre le graphe a
un nombre pair d'arêtes. attention, il ne suffit pas de voir
qu'un certain algorithme ne permet pas de conclure en
n(n−1)/2 questions, il faut s'assurer que
tout algorithme d'interrogation du graphe doit
nécessairement utiliser n(n−1)/2
questions pour pouvoir conclure sur au moins un certain graphe.
une autre façon de présenter les choses utilise
des jeux : dans ce cas, on fixe la propriété p (ainsi que
n, bien sûr), et deux joueurs s'affrontent, ques et graf.
le joueur ques propose deux sommets à graf, et celui-ci doit décider
s'il y a une arête ou non entre eux, puis ques propose de nouveaux
deux sommets, etc. on joue jusqu'à ce que toutes les
n(n−1)/2 questions aient été posées (ce
qui fixe le graphe). À un moment au cours du jeu, ques peut faire
l'annonce j'ai décidé que p est vraie ou
j'ai décidé que p est fausse : bien sûr, si à la fin
du jeu cette annonce est incorrecte, ques a perdu. il peut toujours
attendre la fin des n(n−1)/2 questions
pour faire l'annonce en toute sécurité, mais s'il possède une
stratégie gagnante dans laquelle il fait l'annonce au bout de
n questions, on dira que p a la complexité en
questions au plus n.
il existe au moins deux propriétés (inintéressantes) dont la
complexité d'interrogation est strictement plus petite que
n(n−1)/2, à savoir 0 : c'est la propriété
trivialement vraie (celle qui est possédée par tous les graphes, par
définition) et la propriété trivialement fausse (celle qui n'est
possédée par aucun graphe) ; on les appellera les propriétés
triviales. le problème est : y en a-t-il d'autres (au moins pour
certaines valeurs de n) ? la réponse est oui,
mais, bizarrement, il est vraiment difficile d'en donner des exemples.
même si on veut simplement trouver une propriété non-triviale dont la
complexité soit ne serait-ce qu'un tout petit peu inférieure à
n(n−1)/2, c'est très difficile et je ne
connais aucun exemple simple.
j'avais conjecturé que, pour un choix judicieux du
nombre k (lié au nombre de ramsey : en fait, le plus grand
k possible tel que n soit strictement inférieur
au nombre de ramsey diagonal de k), et pour n
convenable, la propriété il existe k sommets qui sont
tous reliés entre eux (forment un graphe complet, également appelé
clique) ou dont aucun n'est relié à aucun (forment un
graphe vide, également appelé anticlique) serait de
complexité strictement inférieure à la complexité maximale
(l'algorithme de décision consistant à demander toutes les relations
entre n−1 sommets arbitraires, chercher une
(k−1)-clique ou -anticlique dedans, et, s'il n'y en a
pas, répondre non, sinon, chercher à voir si le sommet restant peut
compléter une (k−1)-clique ou -anticlique en
k-clique ou -anticlique). en fait, je ne sais pas si ça
marche : ça dépendrait de résultats de théorie de ramsey dont je n'ai
aucune idée s'ils sont vrais ou pas.
mais on m'a donné l'exemple suivant d'une propriété qui se teste en
un nombre linéaire (du genre, 3n−6 ; hum, un
commentateur me fait remarquer à juste titre que c'est hautement
suspect, ça, c'est peut-être plutôt en 6n+o(1)) : elle est
assez cinglée. c'est : le graphe est un scorpion, à savoir :
il existe trois sommets x, y et z
tels que : x est relié à y et à aucun autre
sommet, y est relié à x et z et à
aucun autre sommet, et z est relié à tous les sommets sauf
x. l'interrogation qui permet de conclure que le graphe
est un scorpion, en nombre linéaire de questions, n'est pas du tout
évidente !
une conjecture de karp affirme que toute propriété
monotone (disons, qui est reste vraie en ajoutant des arêtes
au graphe) et non-triviale a la complexité d'interrogation maximale,
n(n−1)/2. par exemple, le graphe est
connexe ou il existe un sommet relié directement à tous les
autres sont des propriétés monotones, donc, si cette conjecture
est juste, elles auraient la complexité maximale. mais même pour des
propriétés aussi simples, je n'arrive pas à le prouver… (en
fait, c'est encore plus embarrassant que ça : j'ai l'impression
d'avoir un pipo dans ce sens, mais je n'arrive pas à me convaincre que
c'est juste ou que c'est du pipo.)
et je ne parle pas de questions du genre quel est le plus petit
n pour lequel il existe une propriété non-triviale n'ayant
pas la complexité maximale ? ou quelle est la plus petite
complexité d'interrogation possible pour une propriété non-triviale
(en fonction de n) ?…
commentaires
2006-03-08 (mercredi)
postes (ou pas)
la fatidique liste
des postes de maîtres de conférences vacants (ou susceptibles de
l'être) est parue au jo. la
section qui me concerne est la 25, bien sûr : entre 34 et 54 postes.
auxquels il faut rajouter onze ou douze au cnrs. et les
candidats,
il y en a… autour de 260. hum, ça va pas rentrer, on
dirait.
(bon, d'accord, ces chiffres sont un peu
simplistes, déjà parce que les candidats cnrs et
mdc ne sont pas exactement les mêmes, parce que des gens
candidatent plusieurs années, parce que des gens partent en post-doc
et ne candidatent que pour la forme, parce que les sections 25 et 26
ont une intersection, etc. mais pour ce qui est spécialement de la
géométrie algébrique et de la théorie des nombres, il semble qu'il y
ait, spécialement cette année, pléthore de gens brillants… ce
qui n'arrange personne.)
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2006-03-07 (mardi)
statistique nippographique
qu'est-ce que c'est que la liste suivante ? (précisons que ça se
lit de gauche à droite et de haut en bas…)
の に る ン と は た
い し を で て が な
年 ス れ ル 日 ト イ
リ か あ ア す ら ラ
う っ り こ も さ ク
月 ッ ま 大 タ ド 本
シ く ジ よ ロ レ き
学 フ ん カ 国 テ 道
一 人 ム マ 中 市 駅
つ ィ め バ プ そ コ
お け ウ オ 線 用 行
者 グ 県 メ え 部 ど
デ ビ 地 サ や ニ 東
キ わ 名 チ ナ 合 上
作 出 山 田 エ ャ 時
生 場 ブ ュ 高 だ 会
子 ち 事 代 町 み 画
関 ダ 車 後 パ ズ 川
第 ェ 分 ミ 間 新 長
鉄 動 発 定 的 業 目
戦 立 号 せ 方 内 前
社 成 島 野 物 通 自
小 ハ 同 手 ョ 所 ノ
京 校 北 家 連 主 ガ
下 ば 現 モ 法 三 語
体 利 開 ネ セ 村 ツ
在 文 和 放 化 じ 送
機 海 世 西 入 外 記
ペ 都 番 原 多 神 理
対 ベ ポ ボ 電 全 数
特 ソ 見 像 以 当 式
へ 教 設 除 公 平 組
ァ 性 水 区 明 ピ 力
ワ 最 度 等 金 ろ ほ
二 政 位 び 表 ケ 路
木 ゴ 治 口 南 ホ 回
元 言 実 ず 形 書 要
ギ 削 面 郡 女 ヴ 正
使 品 期 王 初 気 経
選 科 系 項 民 天 岡
軍 点 制 空 音 ゲ ザ
置 有 加 能 交 曲 近
知 議 広 州 ひ 重 別
取 来 界 楽 信 松 運
ヤ 演 井 む 変 意 身
次 版 ふ 美 優 宮 産
保 阪 石 不 勝 結 義
共 史 古 台 府 持 員
武 覧 士 ょ 球 歴 頼
朝 他 話 集 編 ヒ 活
ォ ゆ 十 称 型 工 際
戸 論 福 城 受 造 条
続 参 指 げ 歌 太 土
務 相 呼 売 無 藤 登
依 付 局 改 団 馬 権
院 説 安 光 流 由 崎
種 存 べ 屋 列 園 総
橋 急 統 映 解 心 術
郎 始 営 昭 基 域 建
少 移 門 構 ぶ 転 紀
英 館 ユ 役 直 製 字
類 題 属 計 賞 向 終
愛 進 星 真 速 津 両
ヨ 報 谷 男 江 影 千
支 常 ご 決 様 問 技
寺 ね 旧 考 備 格 得
葉 四 伝 可 引 佐 思
任 八 止 育 約 強 港
皇 器 状 店 浜 白 吉
良 兵 氏 河 投 情 官
死 研 隊 伊 先 命 料
量 五 及 族 起 調 規
各 万 反 周 判 色 乗
容 装 過 客 管 再 久
ヘ 認 味 接 単 ゃ 沢
声 競 録 陸 果 施 青
観 件 究 協 彼 示 必
帝 曜 横 泉 住 米 半
側 ぐ 旅 森 ゼ 撃 鳥
著 党 載 予 応 火 例
頭 円 図 風 ぎ 央 達
領 般 根 着 衆 波 更
監 質 今 商 師 艦 異
九 争 食 収 済 督 独
確 歳 素 親 辺 花 係
試 岩 切 宇 派 賀 洋
配 奈 降 限 富 撮 継
廃 専 司 庫 提 徳 室
豊 航 護 将 復 衛 走
足 尾 離 比 準 修 御
越 級 ゅ 害 座 芸 資
温 銀 打 態 宗 照 込
退 清 秋 母 博 父 程
藩 株 攻 船 夫 細 併
赤 含 企 差 漫 象 倉
去 追 勢 志 令 防 黒
為 未 消 省 殺 百 念
玉 停 ぼ 林 職 積 与
残 源 査 響 境 渡 香
劇 張 築 守 験 完 増
之 首 飛 落 警 陽 導
担 六 春 挙 好 従 帯
非 換 若 里 供 児 闘
助 処 ヶ 読 感 概 雄
略 然 典 展 坂 臣 聞
想 医 満 率 視 浦 環
ヌ 鹿 魔 価 違 章 創
末 悪 何 検 遺 庁 暦
普 永 夜 革 竹 介 蔵
評 詞 聖 帰 複 個 了
ざ 巻 池 づ 便 割 毎
瀬 舞 諸 ゥ 病 極 断
堂 写 察 ぞ 街 証 奏
羽 群 裁 秀 深 述 告
仕 隣
réponse : ce sont les 800 caractères japonais (kanas ou kanjis) les
plus fréquents, et par ordre décroissant de fréquence, sur la wikipédia japonaise (y compris
wikibooks, wikinews, wikiquote et wikisource, en fait, mais tout ça
ne pèse pas bien lourd face au bloc de la wikipédia).
bon, comme je ne parle pas japonais, je ne peux pas faire de
commentaire spécialement intelligent là-dessus. (pourquoi avoir fait
les statistiques sur le japonais, alors, me demanderez-vous ? d'une
part, parce que le résultat est plus joli à regarder, d'autre part,
parce que c'est plus facile de délimiter les caractères en japonais
que les mots en français ou en anglais.) enfin, même sans connaître
grand-chose au japonais, on voit quand même que c'est bien tiré d'une
encyclopédie, parce que le caractère ‘年’ (qui
signifie année) est quand même furieusement surreprésenté
(c'est le premier caractère non-phonétique qui apparaît, suivi de
jour, puis mois). il serait intéressant de comparer
cette liste à celle des 1945 kanjis
réputés d'usage courant.
pour ce qui est des premiers signes, je peux donner les comptes
précis dans le corpus (pour qu'on se fasse une idée de la décroissance
de la fréquence, sachant que par ailleurs le 800e caractère ci-dessus
est environ 200 fois plus rare que le premier) :
6116775の
3478483に
3306430る
2767617ン
2710066と
2681245は
2642990た
2634559い
2574059し
2342774を
2255772で
2188925て
visiblement, une part significative de la langue japonaise est
constituée de ‘の’ (c'est un signe qui se prononce
no et qui sert notamment à former une particule grammaticale
marquant la relation) ; d'ailleurs, pour celui qui ignore tout du
japonais, c'est le signe le plus évident à chercher et le plus
facilement reconnaissable pour détecter qu'un texte est effectivement
en japonais.
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2006-03-06 (lundi)
fragment littéraire gratuit #79 (artefact)
je m'empare de la chose, curieux de savoir ce qui va se passer. au
début, je ne remarque rien, si ce n'est que l'apparence en est un peu
bizarre, plus que ce qu'il semblait de loin. inquiétante, même : bien
qu'elle n'ait aucune forme clairement définie, un peu comme dans ce
test avec des taches d'encre sur le papier où l'on doit identifier des
images, je me rends compte que je crois reconnaître un œil
— ou une main desséchée. soudain, j'ai l'impression qu'on
m'observe, j'ai la sensation d'une présence dans mon dos : je me
retourne, mais il n'y a rien, je regarde de nouveau la chose, et son
apparence me semble maintenant vraiment effrayante, comme le mystère
qu'elle recèle. il y a quelque chose d'affreusement inhumain dans ces
excroissances fractales, dans ces couleurs grises et dans cette
texture rugueuse : plus je la scrute, plus j'ai le sentiment que d'un
instant à l'autre je vais comprendre le secret de ce que j'observe et
que ce secret est abominable. or voilà qu'un son strident se fait
entendre, qui vient d'un recoin obscur de la pièce : à ce moment
précis, je sens s'ouvrir la porte de l'épouvante, libérant en moi les
peurs les plus profondes, les peurs ancestrales — la peur du
noir, la peur de l'inexpliqué et de l'inexplicable —, ces
monstres qu'on croit vaincus par la civilisation mais qui ne sont que
mal endormis dans une cachette dans les racines de notre inconscient,
attendant leur heure et ne donnant qu'un pâle reflet de leur présence
dans nos pires cauchemars. la chose que je tiens dans les mains,
maintenant, est le centre de cette terreur, elle me brûle les mains
comme un démon incarné. enfin, je parviens à la lâcher, elle retombe
lourdement sur son socle : et presque aussitôt le monde redevient
sensé, je comprends que le son que j'ai entendu est celui d'un
ventilateur qui s'est mis en route, je m'aperçois que la pièce n'est
pas si mal éclairée que ça, et qu'il n'y a rien qui me menace.
— 4′25″, me dit alors françois. pas mal : la
plupart des gens ne tiennent pas autant. c'est à peu près le temps au
bout duquel les lapins meurent de trouille si on les laisse
attachés.
en silence, il me tend un anxiolytique, que j'accepte volontiers.
pendant que je l'avale, j'ose de nouveau regarder ce qui m'a causé une
telle émotion : je ne comprends pas, son apparence est certainement
étrange, mais pas à ce point terrifiante. je demande :
— alors, qu'est-ce que c'est que cette chose ?
— Ça c'est ce que nous voudrions bien savoir, oui : comment
ça peut stimuler comme ça le système limbique. pour l'instant,
personne n'en a la moindre idée. au fait, je te conseille de dormir
avec la lumière allumée, cette nuit.
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2006-03-05 (dimanche)
et si je me re-socialisais ?
il y a à peu près trois ans, au moment où j'ai commencé ce blog, j'avais une certaine
vie sociale : par exemple, je fréquentais une (voire deux) associations d'étudiants
gays&lesbiennes, je traînais sur des canaux irc (je
veux dire, des canaux où les gens se rencontrent parfois en vrai, ils
ne se contentent pas de se parler virtuellement), je lisais un bon
nombre de blogs, et je sortais régulièrement (au moins pour me
promener). et puis, je ne sais pas bien comment, mais sans doute à
cause de périodes de déprime que j'ai traversées, je me suis isolé de
tout ça. un des prétextes que j(e m)'avance est que « je n'ai pas le
temps », mais, en fait, le temps a une bizarre propriété d'élasticité
qui est que quand on arrête de faire certaines choses parce qu'on est
débordé, on est toujours aussi débordé après qu'avant, donc ça doit
pouvoir marcher à l'envers. bref, en ce moment, je me trouve trop
coupé du monde, il faut que je fasse un effort pour m'y replonger (au
moins dans la mesure où je l'ai déjà fait par le passé).
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2006-03-03 (vendredi)
qu'est-ce que j'ai dans la gorge ?
j'ai quelque chose de coincé dans la gorge. je m'en suis rendu
compte ce matin pendant mon td parce que ma voix a cassé
plusieurs fois et j'avais du mal à parler fort alors que normalement
je n'ai pas spécialement de problème avec ça, puis je me suis aperçu
que j'étais enroué, que j'avais des problèmes à chanter certaines
notes (dans les aigus de la voix « de poitrine ») ou même à monter le
ton en parlant, que je toussais pas mal comme si j'avais quelque chose
qui me gênait à expectorer, et à plusieurs reprises dans la journée
alors que j'étais en train de bâiller (ou simplement de respirer par
la bouche) j'ai eu un hoquet soudain parce que j'avais l'impression
que j'allais avaler quelque chose ou bien que quelque chose me
chatouillait l'intérieur de la trachée.
je me demande bien ce que ça peut être… un candidat serait
une arête de poisson, parce que j'ai mangé du poisson hier midi et
j'ai eu à un moment l'impression d'avaler une arête : mais je ne vois
pas pourquoi elle ne m'aurait pas du tout gêné pendant tout le temps
jusqu'à ce matin. (l'aventure m'est arrivée une fois quand j'étais
petit, de me planter une arête de poisson dans la gorge. mais ça
m'avait vraiment fait mal. là, il n'y a pas de douleur, juste une
gêne insistante par moments.)
Ça m'inquiète un peu, quand même, surtout que ça a l'air d'empirer
avec le temps (rien jusqu'à ce matin, mais là je le remarque de plus
en plus souvent). j'essaierai de voir un médecin demain, mais un
samedi ça risque de ne pas être évident (une application de la loi de
murphy, c'est qu'à chaque fois que j'ai un problème de santé c'est
juste avant ou au début du week-end), mais je ne vois pas trop ce
qu'il pourrait faire (je doute qu'un généraliste lambda soit équipé
pour pouvoir pratiquer une laryngoscopie).
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2006-03-03 (vendredi)
fragment littéraire gratuit #78 (théories du complot)
— c'est exactement ce que font les prestidigitateurs : ils
attirent ton attention sur l'endroit où il n'y a rien à voir, en te
faisant croire que c'est là qu'il se passe quelque chose d'important,
et pendant que tu cherches à regarder par là, de façon discrète mais
pas invisible, ils opèrent leur tour ailleurs. les théories du
complot, donc, c'est de la poudre qu'on jette aux yeux du peuple pour
qu'il ne voie pas ce qui est visible en focalisant ses yeux où il n'y
a rien d'intéressant.
— tu veux dire qu'elles sont créées exprès ?
— Ça me semble évident. prends les protocoles des
sages de sion, par exemple. c'était effectivement un complot,
mais pas des juifs : on sait que c'est un faux monté par la police
secrète du tsar, et qui a servi à provoquer ou à justifier des
pogroms. pourquoi ? sans doute parce qu'en 1903 la révolution
commençait à gronder, et qu'il fallait en détourner le peuple en
créant un ennemi imaginaire : les juifs avaient bon dos pour ça.
c'est peut-être la même chose qui avait été tentée lorsque, un peu
plus d'un siècle plus tôt, on a commencé à raconter des histoires
délirantes sur les illuminés de bavière, censés menacer
le monde : en fait c'était une pauvre secte sans importance, et je
suis sûr que la raison de les monter en épingle était qu'on
pressentait la révolution française.
— et maintenant ?
— maintenant on nous sert de la théorie du complot à toutes
les sauces. regarde l'évolution : dans les caves du
vatican, c'est une escroquerie ; dans le pendule de
foucault, la théorie du complot devient réalité et prend de
court ceux qui l'ont lancée : et voilà que cette fiction-là elle-même
semble devenir réalité avec le da vinci code. qui,
bizarrement, fait un tabac, en entretenant soigneusement la confusion
sur la part de réalité et de fiction.
— tu crois que dan brown est employé pour distraire les gens
de ce qu'ils devraient vraiment voir ? tu crois qu'une révolution se
prépare ?
— pour dan brown, je ne sais pas. mais quand on nous fait
croire à un complot islamiste je crois surtout qu'on veut attirer
notre attention ailleurs que là où elle devrait se porter.
— c'est très habile, comme façon d'essayer de passer au
niveau méta, mais malheureusement tu retombes là où tu étais :
tes théories du complot sur les théories du complot elles ne dépassent
pas ce que tu dénonces. et elles ne sont même pas originales : c'est
tristement banal, de se plaindre que les néoconservateurs américains
exploitent l'épouvantail ben laden pour leurs propres intérêts ; et
c'est plutôt là que s'incarne, actuellement, le mème de la théorie du
complot.
— et si je passe à un niveau méta de plus…
— …alors ce n'est plus du tout crédible. n'oublie
pas, dans ta théorie, la vérité doit être visible : qui aurait intérêt
à faire croire que les néoconservateurs sont derrière tout ?
personne, ça ne colle pas. on ne peut pas les présenter comme une
menace secrète à l'ordre établi puisqu'ils sont l'ordre
établi.
— on pourrait prétendre que la chine…
— on pourrait prétendre que la chine s'arrange pour
disséminer des théories du complot selon lesquelles les américains
s'arrangent pour disséminer des théories du complot selon lesquelles
l'iran veut contrôler le monde ? tu as fumé. je ne dis pas que les
théories du complot sont parfois elles-mêmes utilisées comme
instrument de manipulation : mais elles n'ont pas besoin de ça pour
naître — elles sont un épiphénomène des comportements humains
comme, à la limite, la violence, qui peut certainement être
instrumentalisée mais qui peut aussi naître d'interactions sans avoir
été planifiée par qui que ce soit.
— et pourquoi ?
— parce que nous refusons de croire au hasard. là, si tu
veux une constante de la psychologie humaine, c'est bien ça : la
certitude tout ce qui arrive est forcément un signe, donc une
intention. prends quelqu'un qui a « réussi » dans la vie, qui est
devenu très riche ou très puissant : il va publier ses mémoires pour
expliquer comment il est arrivé là, quels sont ses secrets, et on va
croire que c'est à cause de ça, parce qu'il avait des bonnes méthodes
ou des bons secrets, qu'il a réussi. même quelqu'un qui vit très
vieux, on va lui demander le secret de sa longévité. mais en réalité,
il n'y a pas de secret, il y a juste des milliers ou des millions de
gens au départ, qui essaient tous de réussir, et le hasard en choisit
un, pas parmi les plus mauvais, certes, mais pas non plus le meilleur
dans un sens précis, et au lieu de comprendre ça comme ça on cherche à
trouver les raisons de son succès. or cela n'existe pas. et
c'est exactement le même genre de raisonnement qui nous conduisent à
croire aux théories du complot : si quelque chose arrive, il faut bien
que ça ait été voulu, calculé, planifié.
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2006-03-02 (jeudi)
feuilles de td
je rédige intégralement (énoncés et corrections) les feuilles des
td que je donne à l'ens : outre que ça
rend service aux élèves (enfin, j'espère…), c'est important
pour moi, parce que je ne veux pas me pointer en me disant que je sais
faire tel ou tel exercice et en me rendant compte finalement que non,
il y a un détail qui m'a échappé ou que j'ai oublié ou un petit
problème dans l'énoncé. (en deug je n'avais pas ce
souci, mais là, le niveau est quand même un petit peu plus
élevé…) Ça prend tout de même beaucoup de temps.
je comptais cette année réutiliser les mêmes feuilles que l'an
dernier. mais voilà que je ne suis pas content des exercices que j'ai
donnés, et j'en cherche de nouveaux… je n'en suis toujours pas
très content, en fait : là, pour illustrer les concepts d'algèbre
tensorielle, symétrique et extérieure, qui ont beau être des notions
excessivement classiques et importantes, je n'ai pas vraiment réussi à
trouver des choses qui me satisfassent, ni par moi-même ni en
fouillant dans des livres. (la solution de facilité, c'est, comme
toujours, d'aller chercher dans les sorites au niveau n+1
les exercices du niveau n : mais je pense que
pédagogiquement ce n'est pas bon.)
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2006-03-01 (mercredi)
travaux et bruit
des nouveaux voisins emménagent dans un appartement situé deux
étages au-dessus du mien (mais directement au-dessus, je crois). ils
ont prévenu l'immeuble qu'ils faisaient faire des travaux, qui
dureraient deux mois, et qui risquaient certainement d'occasionner
quelques désagréments inévitables (langue fleurie usuelle) dont ils
étaient désolés. de fait : ce matin j'ai été durement réveillé par
des coups de marteau.
du coup, pendant une longue heure où je n'arrivais ni à me décider
à me lever (vraiment trop fatigué — je suis resté jusqu'à trois
heures du matin sur un calcul idiot) ni à pouvoir me rendormir, j'ai
mille fois maudit ces voisins (prolégomènes à toute relation de bon
voisinage future) et je me suis posé des questions métaphysiques
graves. du genre : pourquoi en au moins deux millénaires de
perfectionnement du clou et du marteau n'a-t-on pas encore inventé le
marteau silencieux[#] (ce qui
serait un gain important non seulement pour l'environnement sonore
mais aussi en énergie parce qu'éviter que 99% de l'énergie dépensée
parte sous forme d'ondes sonores ce serait bien) ? ou bien : pourquoi
notre civilisation n'a-t-elle pas encore atteint le stade de
raffinement où les ouvriers pourraient commencer leur journée de
travail à un moment un peu plus humain que l'aurore ? ou encore :
est-ce que j'arriverais à persuader le syndic de payer les ouvriers de
ces nouveaux voisins à rester bras croisés jusqu'à 9h30 tous les
jours ? ou plus pragmatiquement : est-ce que ça vaut la peine que
j'aille habiter deux mois chez mes parents ?
un de mes problèmes c'est que c'est risqué pour moi d'utiliser des
boules quiès (ou autres variantes comme les tampons de mousse) : j'ai
un défaut d'évacuation du cérumen dans le conduit auditif qui fait que
je risque de me retrouver avec un bouchon permanent (genre, -20db sur
l'oreille concernée, c'est vraiment problématique), qu'il faut alors
faire ramollir au cérulyse® avant de le faire retirer par un
orl (et c'est encore plus compliqué si j'ai irrité le
conduit auditif). bon, là, j'ai fini par prendre le risque, et j'ai
vaguement pu dormir jusqu'à 10h.
en fait, si en 2000 ans de technologie notre civilisation n'a pas
encore inventé le marteau silencieux, elle a quand même inventé de
l'électronique qui permet de faire de la compensation de bruit : i.e.,
on prend un haut-parleur couplé à un micro et on lui fait émettre le
son négatif de ce qu'il reçoit (enfin, c'est l'idée un peu simplifiée,
ça), pour l'annuler. Ça existe en version
casque, mais bon, ce n'est vraiment pas utilisable pour dormir
(autant aller chercher dans l'artillerie
lourde à ce moment-là). ce que je me demande c'est si c'est
trouvable en version portative : un petit ensemble micro +
haut-parleur qu'on poserait quelque part et qui ferait autour de cet
endroit une sphère de silence. je pense qu'on doit pouvoir réaliser
ça, de nos jours, mais je ne sais vraiment pas si c'est effectivement
produit et, le cas échéant, où m'en procurer.
[#] et je ne parle pas
de la perceuse, parce que là c'est le contraire : avant l'invention de
ce truc, on avait les vilebrequins qui devaient quand même faire
furieusement moins de bruit.
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